Extrait du journal

Mais l’esprit de libre examen est obtiné, il est vi vace, on ne l'étouffe pas aisément ; les consciences opprimées s’irritent, les colères s’amassent et l’on arrive aune explosion. Et vous demandez, mon bon, si les guerres de re ligion sont encore possibles dans ce siècle? Oui, elles seront possibles aussi longtemps que le parti clérical pourra rêver la réalisation de ses idées de domination universelle. Il faut se résigner à cette triste perspective, pau vre ami. Vous voulez de l’autorité, vous en aurez si Dieu prête vie à vos bons alliés les jésuites; eux seuls peuvent vous en donner d’une qualité supérieure ; les autres ne vous fourniraient qu’une maigre et mince autorité d’occasion et de bric-à-brac qui ne durerait pas six mois. Par exemple, vous saurez ce qu’il vous en coûtera. La presse ne peut pas plus être libre que les con sciences en face du principe d’autorité, et le Consti tutionnel lui-même, malgré sa bonne volonté d’être orthodoxe, pourrait bien être considéré comme un danger permanent pour la paix publique. Si jamais vos alliés actuels avaient décidément le pouvoir en main, je ne donnerais pas un cen time de vos actions, mon brave homme. Je vois d’ici le docteur Véron obligé d’aller cher cher tous les huit jours son billet de confession, et contraint de se cacher dans sa cave pour manger des suprêmes de volaille, un jour maigre. Je le vois dénoncé pour ce fait par un domestique perfide, conduit dans les cachots de l’inquisition et jugé par M. Veuillot. Ah ! candide restaurateur de l’autorité, ne poussez donc plus de ces exclamations naïves et sachez un peu mieux ce que vous faites et ce que vous vou lez ! CLÉMENT CAkAGUKL....