Extrait du journal
PAS PLUS DE BAL QUE DE BALLES, or LE NEZ DE M. D’ARGOUT CONSIDÉRÉ COMME OBSTACLE A LA GAÎTÉ PLBLIÇl*. Ea danse n’est pas ce que j’aime, mais c’est la liberté de pouvoir danser quand je n’ai pas la goutte et que cela peut nie faire plaisir. Hé bien! il paraît que cette liberté, la seule qui nous res tât intacte, doit aller rejoindre ses sœurs dans le cabinet de nos Barbe-bleue. Notre langue était cadenassée par la police ; notre main n’écrivait plus que mal aisément; notre pensée était captive; nous ne*pouvions marcher de compagnie plus de vingt dans la rue , sans nous exposer à être assommés par le premier gredin venu; et, enfin, à toute heure du joui' et de la nuit, un ex-galérien, armé de la loi et d’un marteau , pouvait enfoncer notre porte, larder à coups de poinçon nos tapisseries , renverser nos meubles, démantibuler notre parquet, sous prétexte d’y chercher des barils de poudre et des pièces de douze ; et même saisir tous nos papiers, et, au nom de S. M., promener sou regard immonde sur nos se crets d’amour, d'amitié, de piété filiale, comme une chenille se vautre sur une fleur. Je sais bien (jue tel était notre sort sous la monarchie citoyenne ; car c’est une si bonne chose que le bon ordre uni à la liberté, comme les entendent nos Tamerlans, qu’on ne saurait les payer de trop d’esclavage et de perturbations. Mais, du moins , an milieu de cette servi-^, tude générale et de l’aine et du corps , la liberté du tibia nous était demeurée, le mollet vivait libre, le mollet était lier de son indépendance; et, pourvu qu’il se conformât aux lois de son pays, qu’il n’éclaboussât personne, et que, dans un mouvement d’impatience ou de mépris, il ne s’avisât pus de frapper, non en face, quelque méchant roquet ou quel que hargneux sergent de ville , le pied du citoyen français pouvait dire : Je me moque du qu’e i dira-t-. n. Chaque tibia, en nouvait professer la danse avec une égale protection....
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
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