Extrait du journal

parvenaient à reconquérir leur indépendance, ce serait une juste expiation de l’attentat commis par l’Espagne contre la république dominicaine. Depuis quinze jours l’Europe attendait dans une an xiété facile à comprendre des nouvelles du fameux I complot des Menechmes, autrement dit des trois cor donniers. La Correspondance de Rome se décide enfin à parler, mais c’est pour nous apprendre que la chose a été beaucoup exagérée, bien qu’on ne puisse douter des « horribles projets des sectaires italiens contre le chef de l’Eglise. » Seulement ces horribles projets ne paraissent pas s’être jusqu’ici manifestés d’une manière bien sérieuse. Les hauts personnages qui inspirent la Correspon dance de Rome ont donc compris le ridicule de toute celle fantasmagorie évoquée par nos feuilles ultramon taines, et ils n’ont pas voulu s’v associer plus long temps ; mais la Gazette de France, le Monde et V Union qui ont inventé l’horrible conjuration des trois cordon niers, n’entendent pas la lâcher si facilement. C’est en vain que la feuille semi-officielle de Rome s’efforce de modérer leur zèle, elles n’en veulent pas démordre et persistent encore ce matin à donner d’affreux détails sur celte épouvantable affaire, si bien qu’on ne sait ce qu’il faut le plus admirer de la scélératesse des trois cordonniers ou de l’entêtement des trois journaux. Et il y a encore ceci de remarquable que si les trois cor donniers se ressemblent d’une manière frappante, il en est de même des trois journaux. Ils sont frères et Me nechmes comme les cordonniers, obstinés comme eux, intraitables comme eux, et animés d’une égale féro cité. Car si les trois cordonniers en veulent absolument aux jours du pape, les trois journaux, par la persis tance de leurs accusations, donnent à entendre qu’ils en veulent aux jours des trois cordonniers. N'insistons pas ; ce double trio commence à se mou voir dans une atmosphère fantastique, et nous ne se rions pas étonnés que quelque poète y vît un sujet de ballade....