Extrait du journal
C’est malheureusement ce qu'on peui duc de toutes les confessions, lorsqu’elles sont complètes; et cependant, si el les ne l’étaient pas, où serait le mérite de les faire et le pro fit de les écouter ? C’est particulièrement dans ce genre que le tout ou rien est l’alternative de rigueur. Admettez, par un scrupule mal entendu , les atténuations et les réticences , et toute individualité disparaîtra; une confession ressemblera à mille, et mille à une, chacun ayant bien soin de ne suppri mer que les faits capables de porter atteinte à la pudeur pu blique ou à l’estime qu’il croit mériter. C’est ainsi que plu sieurs en ont usé dans les aveux qu’ils nous ont faits sous le titre de confessions ou de mémoires, où ils s’égratignent avec prudence, et tout juste assez pour avoir le droit d’écor cher les autres, accusant, avec un grand fracas de sincérité, des fautes presque édifiantes , et composant, de l’ensemble de leur vie, un tableau richement adorné, auquel leur siècle sert d’ombre. N’allez pas chercher, dans ces prétendues con fessions , dictées par le désir de relever en bosse , aux yeux de la postérité, une biographie insignifiante, quelques pages intimes et instructives, quelques bassesses franchement exé cutées et propres à vous révéler ce que vous ignorez encore, et ce que vous cherchez à connaître dans le cœur humain. Si, comme je le suppose, c’est à votre but, comme le mien, en écoutant de préférence , parmi les historiens, ceux qui nous racontent leur vie, adressez-vous à ces hommes im moraux qui se livrent à vous sans arrière-pensée, sans réti cence, à l’impudence de leurs aveux, comme à l’aplomb de leurs récits et à un certain parfum de cynisme , vous recon naîtrez leur véracité. Ce sera triste, dégoûtant parfois ; mais vous aurez le courage de lire jusqu’au bout, car il y a des dégoûts avec lesquels il faut qu’on se familiarise, pour avan cer dans les études physiologiques, de même que, pour faire quelques progrès dans les sciences médicales, il faut savoir surmonter les répugnances de la dissection. Les Mémoires de Casanova, qu’il aurait pu, sans abus de mot, intituler ses Confessions , offrent éminemment ce ca ractère d’immoralité instructive qui est le principal mérite des écrits du même genre; et quoique cet Italien soit en par tie le produit de son siècle , il résume tant d’époques de ci...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
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