Extrait du journal

M. de Maumigny a persisté dans ses conclusions, et l’assemblée étant divisée, on a dû recourir au vote. Le scrutin a donné les résultats suivans : Pour l’obéissance immédiate. . . 13 voix. Pour l’ajournement 9 Majorité pour l’obéissance .... 4 M. de Maumigny et M. Coquille se sont abstenus. En conséquence de ce vote on a rédigé la note sui vante qui sera publiée dans le numéro de demain. AUX ABONNÉS. Vu. l’encyclique du pape qui condamne de nouveau la liberté de la presse, le Monde cessera de paraitre à partir du 1er janvier 1865. Une note semblable sera insérée Dans Y Union, Dans le Journal des villes et des campagnes, Dans la Gazette de France. Toutes les gazettes de province suivront cet exemple, et leurs rédacteurs déposeront leur plume en ex-voto au-dessus du maître autel de leur paroisse respective. Nous n’avons pas encore le texte de l’encyclique, mais le télégraphe nous a appris qu’elle condamne toutes les erreurs modernes au nombre de quatre-vingt, chiffre rond. Au nombre de ces erreurs figure le mariage civil, et l’on ne se figure pas dans combien de ménages l’ency clique a déjà porté le trouble. La lettre suivante suffira pour vous en donner une idée : Mon cher Denis, Je ne me rappelle plus au juste la date de notre ma riage, mais e’était quelques années après 1800, Souvenez-vous-en. Notre union fut enregistrée à la mairie et bénie par le curé de Saint-Sulpice, mais je crois me souvenir que c’était un curé constitutionnel. Nous ne sommes donc pas mariés ; c’est l’encyclique qui le dit formellement. Je rougis de la situation dans laquelle je me trouve, et je pars aujourd’hui même pour Rome par la voie do ter re. Vous m’y rejoindrez par la voie de mer, car il ne convient pas que l’on nous voie plus longtemps en semble. Un véritable prêtre nous mariera de nouveau, ou vous ne me reverrez plus. J’irai grossir le nombre des vierges du seigneur qui prient pour les malheureux pé cheurs au pied des saints autels. Celle qui fut MADAME DENIS. Paris, 24 décembre 1864, et la soixantième de notre... je n’ose pas écrire le mot. Voilà donc ce bon monsieur Denis obligé de se met tre à quatre-vingts ans en route pour Rome et d’aller se marier après soixante ans de mariage. En même temps que les mariages civils, l’encyclique annule les naissances civiles. C’est une erreur moderne de croire qu’on puisse naître en dehors de l’Eglise. Tous les gens qui depuis la révolution française figurent sur les registres de l’Etat civil sont venus au monde, mais ils ne sont pas nés. On nenait plus depuis que les curés ne sont plus chargés de tenir note des naissances....