Extrait du journal
pense d’ordinaire comme lui, mais qui ne fait pas, en économie sociale, les mêmes concessions qu’en politique. Cet économiste aurait vivement combattu l'idée par les raisons qui suivent. « Si vous avez incarcéré des ouvriers charpentiers, c’est que vous regardez leur tacite accord comme une coalition, et la présence à Paris de cinq mille ou vriers en chômage comme menaçante pour Tordre. En ce cas, pourquoi empêcheriez-vous ces ouvriers de quitter Paris et d’aller chercher ailleurs un repos moins coûteux ou un travail mieux rémunéré ? Leur absence les éloignerait de l’accord commun, coali tion ou non, et diminuerait d’autant le danger de la grève. Emprisonner les ouvriers s’ils restent, et leur re fuser des passeports s’ils désirent partir, ce serait indirectement leur dire : « Nous voulons que vous renonciez immédiatement à vos prétentions ou que la faim vous force à y renoncer. » Eh bien, il arriverait de deux choses Tune : — ou les ouvriers charpentiers, ainsi cernés dans Paris, après avoir épuisé leurs ressources, reprendraient le travail à quatre francs, salaire qu’ils jugent au jourd’hui, à tort ou à raison, insuffisant; et en ce cas vous les auriez opprimés en imposant par la force des hommes une conclusion que la force des choses devait seule amener; — ou ces ouvriers, per sistant dans leur grève, même après la misère ve nue, et ne pouvant pas sortir de Paris, se trouve raient en face de la faim et de ses mauvais conseils... et alors c’est l’autorité qui serait responsable des fautes, ou même simplement des dangers qui pour raient en résulter, dangers ou fautes qui n’auraient point existé si Ton avait donné des passeports aux ouvriers. » Toutes ces raisons ont fait que l’autorité supérieu re n’a pas osé donner d’ordre au préfet de police, qui n’a point hésité, lui, à livrer les passeports. Il est possible que, moins bien inspiré, le pouvoir revienne plus tard à quelque idée de violence ; mais en attendant, il faut s’applaudir qu’une fois par ha sard il ait compris qu’en cette matière, comme en toutes les autres, les garanties sont dans la liberté et la légalité, les périls dans le despotisme et l’arbi traire....
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
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