Extrait du journal

pensionnaires; mais ce jour-là, invité à déjeuner par M. Vattcmare, il les laissa seuls, sous prétexte d’aller chercher deux sous de tabac pour remplir son ca lumet. La ruse n’était pas mal ourdie ; malheureusement M. Catlin s’attarda avec son ami à parler de ses voyages, de sorte que les indiens Yoways, poussés par le mal du pays, conçurent le hardi projet de s’enfuir vers les Montagnes Rocheuses. Ils descendirent tous à la file et dirent au portier: « Le chemin des Montagnes Rocheuses, s’il vous plaît ? » Le portier, qui était une portière, ne conçut aucun soupçon et crut qu’ils s’agissait d’aller faire un tour de promenade à Montmartre. Il leur montra du doigt les moulins, en disant : « Voilà les montagnes. — Rocheuses, dit la Pluie qui marche. — Rocheuses », répéta la portière. Elle croyait que rocheuses voulait dire : où il y a des moulins. En conséquence les Indiens partirent dans la di rection indiquée. A la barrière, ils prirent plusieurs tournées d’eau de leu, et laissèrent en paiement le parapluie de M. Catlin qu’ils avaient emporté pour leur servir de tente. Ensuite ils se répandirent dans la plaine SaintDenis, jusqu'à la ligne des fortifications. Là des ter rassiers voulurent leur fermer le passage. Mais la Pluie qui marche arracha un pieu et s’élança à l’as saut, en poussant le cri de guerre de sa tribu. La Nuée blanche le suivit, et le reste de la troupe étant arrivé à son tour, le passage fut emporté en un clin d’œil, ce qui prouve l’utilité des fortifications. Il est juste de dire que l’armement n’était pas en core effectué ; il est probable que le Système verra là le cas de guerre suffisant pour transporter des ca nons dans les bastilles. Une fois hors de l’enceinte continue, les Indiens crurent reconnaître, dans le paysage environnant, les contrées héréditaires des Chapelisko* leurs en-...