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Le Charivari, 29 mai 1845

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Le Charivari
29 mai 1845


Extrait du journal

faits amis les Anglais, avec la mansuétude qui les caractérise, m’ont dit d’excuser les actes que l’ivresse avait fait commettre à ce marin.—Mon Dieu, par donnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ! Puisses-tu être sauvé par le vrai Dieu 1—Je ne te dirai rien des autres officiers qui sont dans mon île. Leur conduite excite l’horreur de mes fidèles sujets. On en a vu qui prenaient le menton de mes pudi ques sujettes ; plusieurs, d’entre elles, après cet at tentat à leur pudeur, n’ont pu supporter la honte qui pesait sur leurs têtes et elles se sont donné la mort. Quatre chefs ont eux-mêmes enfoncé le couteau sanglant dans le sein de leurs filles que les Français avaient osé appeler : Ma biche. Juge jusqu’où va l’a mour de mon peuple pour la Y*”*tu : Taïti, grâces à nos chers amis les Anglais, est devenue une île de pureté et de modestie. — La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse. Que l’esprit saint t’illumine !—Est-il besoin de te parler maintenant des simples matelots ? Non contens de méconnaître les lois du Seigneur, qui nous commande d’observer scrupuleusement le jour du sabbat, ils se répandent sur le rivage et chantent les chansons les plus opposées à nos divins cantiques, telles que : C’est l’Amour que fait le monde à la ronde, —Tu veux devenir ma compagne, Jeune Albanaise aux pieds légers,ou Depuis longtemps]1 aimais Adèle. Ces chants impies portent le trouble dans l’ame re cueillie de mon peuple. Il est surtout une chanson qui témoigne de la profonde dépravation des marins français; ils la répètent sans cesse, c’est leur refrain favori : Nous quitterons-nous sans boire un coup ? Ceci en dit plus que toutes les phrases. Q’attendre de pareilles gens ? Sans respect pour une reine, sans ménagement pour une femme qui est pour la huitiè me fois dans cet intéressant état où ses sujets aiment tant à la voir, ils me traitent de rouchie ; nos dé voués amis les Anglais m’ont dit que ce mot, en langue taitienne, signifiait chameau. — Bénissons à jamais le Seigneur dans ses bienfaits. Que Dieu te conduise dans la bonne voie !—Heu reusement les temps de la persécution sont finis. Tn ne pouvais plus longtemps fermer les yeux à la lu mière. Dieu a permis qu’un Anglais naquît parmi les Français. Tu apprendras avec plaisir que Bruat a perdu beaucoup plus d’hommes qu’il ne le dit, et que, d’un bout à l’autre de l’ile, nous avons réussi à faire prendre en haine le nom français. Les chefs qui entourent Bruat ne sont que des va-nu-pieds et des soulards. Les intérêts de notre sainte religion ont triomphé. Tu as désavoué ce gredin de DupetitThouars, achève ta tâche en destituant ce scélérat de Bruat. Je reverrai mon Pritchard et c’est à toi que je le devrai. Je te bénirais davantage, si tu me permettais de pendre le Morenhout. En attendant ta réponse, je t’embrasse ainsi que nos fidèles amis...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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