Extrait du journal
BULLETIN. Plusieurs journaux, au nombre desquels se trouve le Journal des Débats, se plaignent de ne pas bien voir les causes de la révolution qui vient d’avoir lieu en Grèce. S’ils tiennent à être complètement renseignés à cet égard, ils n’ont qu’à lire l’histoire du règne d’Othon Ier et der nier ; ils en sauront alors autant que les Grecs eux-mêmes sur les graves motifs qui ont amené un divorce entre le roi et son peuple, et nous osons espérer que ces motifs leur paraîtront assez sérieux. Bien qu’il soit établi dès à présent que les chefs de la révolution appartiennent à l’aristocratie du pays et qu’ils font profession de sentimens monarchiques, les feuilles réactionnaires n’en soutiennent pas moins que le mou vement est l’œuvre de ce « cosmopolitisme révolution naire » que la France dénonçait l’autre jour à l’Europe. Leur siège est fait ; il est évident que le roi Othon a été renversé par Mazzini. Le Monde, qui espérait voir la Grèce revenir à l’orthodoxie romaine par l’influence de la reine, pousse la rancune très loin ; il ne veut pas ad mettre qu’il y ait eu une révolution, il appelle la chose une échauffourée. Ne le chicanons pas sur les mots. Ce qui est plus sérieux, c’est que la plupart des jour naux anglais, en annonçant le départ de l’escadre de Malte pour le Pirée, assurent qu’il n’y aura pas d’inter vention et qu’on laissera la Grèce libre de choisir la forme de son gouvernement et de donner la couronne à qui bon lui semblera, si c’est un roi qu’elle veut. Ce se rait sans doute le meilleur moyen d’épargner à ce pays de nouvelles révolutions, mais il sera peut-être difficile de décider la diplomatie à se croiser les bras en cette circonstance. Je ne sache pas cependant que les grandes puissances aient formé un congrès pour régler le sort de la France en 1830, en 48 et 1852.11 est vrai que la France avec ses 35 millions d’habitans est assez forte pour prier les étran gers de la laisser tranquillement vaquer à ses propres affaires, tandis que la Grèce est un des plus petits Etats de l’Europe et qu’on ne se gêne guère avec les faibles. C’est donc la force qui fait le droit ? Alors qu’est-ce que 1a diplomatie peut raisonnablement dire à un peuple qui vient de prouver sa force en faisant une révolution ? N’a-t-il pas du même coup prouvé son droit? La brochure de M. Proudhon continue de recueillir les suffrages des ennemis de la démocratie ; le grand ré volutionnaire, comme l’appelle la France, obtient des attestations de patriotisme et de talent, du Monde, de Y Union, de la Gazette, etc., et il pourra se parer de ces glorieux certificats dans la seconde édition de sa bro chure. Les feuilles ci-dessus avaient commencé par annoncer que les journaux libéraux ne répondraient pas à M. Proudhon, que cela leur était impossible, qu’ils étaient confondus, terrassés par le « grand athlète, » un mot de Y Union, et qu’ils allaient se brûler la cervelle de honte et de désespoir. Mais plutôt que d’en venir là ces jour naux ont mieux aimé répondre, et ils l’ont fait même assez vigoureusement, comme peuvent l’attester les lec teurs du Siècle, de Y Opinion nationale et du Temps. Aussitôt les feuilles absolutistes changent de thèse et M. Coquille s’écrie douloureusement : « Est-ce que la dé mocratie ne souffre pas la liberté de pensée ? » Il faudrait pourtant s’entendre. Vous demandez que l’on réponde $ vous mettez les gens au défi de le faire et...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
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