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Le Charivari, 31 décembre 1868

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Le Charivari
31 décembre 1868


Extrait du journal

La question d’Orient, malace depuis un nombre in calculable d’années, vient d’avoir une crise subite à laquelle ne s’attendaient pas le médecins envoyés par une amie de la moribonde, dame diplomatie. Des docteurs russes, anglais, français, voire même prussiens, sont autour du lit sur lequel est étendue la malheureuse question. un docteur russe, pérorant, j— Oui, messieurs, je le répète, le mal a son siège dansla Crète. le docteur prussien. — Faisms une opération. le docteur français. — Il est toujours pour opérer, pour couper, tailler et rogner; on voit bien qu’il ne travaille pas sur lui. la question d’orient, d'unei voix languissante. — Messieurs, pas d’opération, je vous en prie. J’ai besoin de repos. Veuillez seulement mviter ma voisine la Gibce à ne pas faire de bruit au-dessus de ma tète. le russe. — Elle est obligée de circuler; elle a be soin d’aller à ses occupations. la question d'orient. — Je n'aime pas celles qui concernent la Crète. le prussien, bas au Russe. — Mon cher confrère, pourquoi ne laisserions-nous pas éclater la Grèce? le russe. — En hiver le moment n’est pas propice pour agir. 11 faut attendre le printemps;à celle époque mon remède sera souverain, surtout si vous consentez à me donner un coup de main... le prussien. — Mais avec le plus grand plaisir. le français, bas à VAnglais.— Ils causent bien sou vent ensemble, trouvez-vous? l’anglais.— C’est aussi mon opinion, et, si je ne me retenais pas, je leur ferais des observations qui... le français. — Retenez-vous, mon ami ; au mo ment du jour de l’an il ne faut pas tuer les affaires, et un 3 crise séri use de cette intéressante malade ferait un tort terrible au commerce. un domestique, annonçant.- Messieurs, un étranger désire vous parler. plusieurs voix. — Quelque nouveau confrère sans doute. Faites entrer. un boursier, arrivant. — De grâce, messieurs, faitesmoi connaître la situation de la malade. Va-t-elie mieux? PREMIER DOCTEUR. — lieu ! heu !... le boursier. — Avez-vous l’espoir de la sauver? deuxième docteur. — Dam !... c’est que... le boursier. — Mais je joue à la hausse, moi, mes sieurs; je suis de toutes les grandes spéculations. Aussi devez-vous comprendre mes craintes. Puisque vous êtes tous réunis, ayez une consultation. l’-nglais. — Vous oubliez que moi et mon ami le Français nous sommes des allopathes, tandis que ces messieurs, qui sont envoyés par la Prusse et la Russie, pratiquent l’homéopathie. le boursier. — En ayant recours tout à la fois à ces deux sciences on arrivera peut-être à un résultat satis faisant. Entendez-vous, messieurs, je vous en supplie. le français, bas à VAnglais. — Quel est votre avis? l’anglais. — Sauvons le commerce... pour le mo ment. le prussien , bas au Russe. — Quelle est votre opi nion? le russe. — Comme nous ne ferions rien de bon en hiver, nous avons intérêt à ce que la crise se passe. le prussien.— Se passe... non! mais s’endorme. [Haut.) Messieurs, veuillez nous dire ce que vous con seillez à la malade. le français. — Elle doit prendre une potion cal mante préparée par un célèbre confrère, le docteur La Valette : c’est de l’extrait de circulaire. le russe, bas au Prussien. — Un mélange d’eau de rose et de belladone. le prussien. — Un soporifique alors. le rüsse, haut. — Ce remède nous convient. [Bas.) Nous ne lui en laisserons pas administrer une trop forte dose, car cela pourrait l’endormir complètement....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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