Extrait du journal

C'est aux désabusés, en effet, aux flâneurs, à ceux qui ne s’indignent plus, et qui après l'expérience de la vie. ont résolu de n’y plus voir que le sourire, que Lafontaine demeure le plus ami. L'idée la plus biscornue qui ait jamais traversé cervelle de pédagogue fut bien de mettre le fataliste entre les mains des enfants. Jamais il n’a pensé une minute, en écrivant ses malicieux apologues, à ce petit peuple dont il avait vu surtout le mauvais côté: ces petits tapageurs qui troublaient ses rêveries, ces petits sanspitié qui torturent les douces, les tranquilles bêtes. Il faut être pédant, et pédant de collège, pour ne voir que le côté sentencieux de ces piquantes constatations de l'égoisme, de la frivolité et de la niaiserie des hommes, de la légèreté des femmes, de la sottise et de la cruauté des gens en place. Est-ce qut tout cela est accessible aux Ames d’enfants ? Oui, par le côté le pins inattendu. Lorsque Bouvard et Pécudhet tentent de faire l’éducation de petits vagabonds et leur « serinent les première fables de La Fontaine », les enfants apprennent « la fourmi, qui thésaurise ; le loup, qui mange l'agneau ; le H on qui > prend toutes les parts »....