Extrait du journal

CAUSERIE Les coryphées de la « science moderne » ne diront jamais tout leur* dédain pour « l’ignorance » des siècles passés. Le berceau du christianisme fut posé selon eux, sur un océan de ténèbres, comme celui de Moïse sur les flots limoneux du Nil. Nous lisions, ces jours derniers, une page d’un vieil auteur (an 300 de J.-C ), que nous demandons la permission de citer, en réponse à ces asser tions antihistoriques. Elle est de Grégoire de Nysse, et ne pâlit vraiment pas devant n’importe quelle élucubration des membres de l’Institut, « L’esprit et la raison de l’homme sont choses divines et sacrées ; c’est le plus grand don et le plus précieux joyau qu’il ait reçu de la main libérale de son Créateur. Par la raison, comme par un divin caractère, il est marqué à l’image de Dieu et incomparable ment relevé au-dessus des autres créatures. C’est la raison qui lui met le sceptre en main, le diadème sur la tête, et le sacre roi de l’univers. Par la raison, bien que nous soyons les plus faibles de corps, nous faisons pourtant la loi aux autres êtres : nous dres sons un cheval au manège et. les éléphants au combat. Avec la raison, nous passons les grandes mers ; sur un faible navire, nous traversons tout l’Océan, sachant, par l’aspect des astres, prendre les vents et tenir la route droite, malgré les plus formidables couranla. Avec la raison, nous connaissons la largeur, la hauteur, la longueur et la profondeur des cieux ; nous savons leurs divers mouvements et leurs contours, le nombre «les étoiles, leur grandeur et leur distance ; nous pré voyons les (’clipses du soleil, celles de la lune et ses phases diverses ; les tremblements de terre, les sécheresses et les pluies futures; nous découvrons les vertus et les propriétés des simples. — Je laisse la théologie, la philosophie, les mathématiques, la jurispru dence, la médecine. Je ne dis rien de la poé sie, de l’éloquence, de l’histoire, de la lin guistique, et de l’encyclopédie de toutes les sciences et de tous les arts tant libéraux que mécaniques... » Et vous, lecteur, qu’en dites-vous ? Ne vous semble-t-il pas que, pour une époque de « ténèbres », on savait joliment de choses, au temps des premiers chrétiens ? Ne vous...