Extrait du journal
Cinq cents sous officiers et soldats envoyés au Tonkin au moment des plus fortes cha leurs de l’année, sans être acclimatés ni préparés* aux dangers d’un ciel insalubre, sont condamnés par une administration cri minelle à une mort à peu près inévitable. Ils iront rejoindre sous cette terre mau dite les trente mille braves que l’odieuse et inepte ambition de M. Ferry a sacrifiés sans profit et sans honneur pour la France. Electeurs de la Charente-Inférieure et de la Somme, frères, parents ou amis de ceux qui sont morts ou de ceux qui vont mourir, passerez-vous l’éponge sur tant de sang répandu ? Donnerez vous aux politiciens qui l’ont versé l’absolution de votre vote ou le pardon de votre abstention ? Vous êtes sou verains ; soyez la justice. Frappez à la tête ce gouvernement qui a frappé la France au cœur. Ces hommes qui briguent aujourd’hui vos suffrages sont les mêmes qui vous promet taient il y a cinq ans de ne jamais engager votre fortune et votre vie en d’inutiles aven tures. Ils vous ont dit alors qu’ils seraient la paix, la prudence, la sincérité, l’épargne. Comprenez-vous aujourd’hui qu’ils ont été la guerre, l’imprévoyance, la dissimulation, la ruine, et que demain, si vous les laissez faire, ils seront la banqueroute. C’est à l’heure où de tous les points de l’horizon européen accourent vers la France les nuages gros de menaces, qu’il faut vider nos arsenaux, offrir aux fléaux de l’ExtrêmeOrient une nouvelle moisson humaine. Avant que l’année ne s’achève, un millier, peutêtre plusieurs milliers de nos soldats se cou cheront morts ou mortellement atteints, à trois mille lieues de la mère-patrie. A vous de dire, électeurs, s’il vous con vient d'autoriser, de sanctionner, de légiti mer en quelque sorte, des meurtres ordon nés par un régime qui n’a pour se justifier ni l’excuse des nécessités patriotiques, ni le prétexte d’une agression étrangère, qui s’est donné le luxe d’une conquête inféconde et qui a versé le sang de 15,090 Français, comme un viveur joyeux fait sauter dans un festin les bouchons de champagne....
À propos
Le Conservateur est un journal hebdomadaire publié à Marennes entre 1877 et 1913.
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