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Le Constitutionnel, 2 juin 1848

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Le Constitutionnel
2 juin 1848


Extrait du journal

plus modeste encore que celui du salon ; la cham bre à coucher de la marquise, dans laquelle un lit de repos était dressé pour sa fille, telle était la pauvre demeure de ces deux, femmes, dont la plus âgée avait eu jadis cent mille écus de rente, et dont la plus jeune s'était faite ouvrière pour nour rir sa respectable mère. Ruinée parla révolution de 93, la marquise émi-, graainsi que sa fille; alors enfant; et le marquis de Montaran, mort à Quiberon, avait laissé sa veuve sur le sol étranger, sans ressources et sans apppui. Une rencontre providentielle pour la marquise la préserva seule du désespoir prêt à l'atteindre. Un ancien frère d'armes du marquis de Monta ran, son ami d'enfance, son fidèle compagnon de guerre et de plaisir, fût retrouvé par la pauvre femme, dans les environs de Mittau, rendez-vous général des émigrés, et lui apparut comme un ange sauveur, au milieu de sa ruine et de son abandon. Le chevalier de Saint-Laurent avait fui sa pa trie, comme tous ces nobles Français qui remplis-: saient alors l'Europe de leurs lamentations et de leur rage, impuissante contre ce torrent populaire qu'Us n'avaient eu ni le courage ni la force de refouler dans son lit. . . Triste spectacle des revers de la fortune, que toute cette élégante et oisive noblesse, errant k l'aventure par tous les .royaumes de l'univers ; pauvres comparses, chassés de leur théâtre, dé pouillés de leurs oripeaux dorés, étalant aux yeux de tous les peuples qu'ils visitaient, les débris de leur opulence passée... débris que la vanité dis putait chaque jour à la misère. Et maintenant encore, des vaincus de*tous les partis se promènent à travers le monde, ruines vivantes, frappées par le marteau souverain du peuple, qui émiette les trônes, pour égaliser la puissance, et qui retrouvera toujours des chefs et des maîtres, des distinctions et des supériorités, ne fût-ce que celles du courage et du génie; carie niveau général que rêvent les utopistes a tou jours été; comme il sera toujours, impossible....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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