Extrait du journal
PARIS, « JUILLET. Nous avons dit les raisons pour lesquelles ni M. le duc d'Âumale ni le fils aîné de don Carlos ne voulaient et ne pouvaient aspirer à épouser la reine Isabelle. On sait l'antipathie manifeste qui existait entre la reine Chris tine et sa sœur l'infante Carlotta, épouse de l'infant François de Paule. Cette antipathie ôtait toute chance, du vivant de Carlotta, à l'un ou à l'autre de ses Sis de devenir l'époux de la reine. Main tenant que l'infante est morte, les choses ont bien changé, et quoi que la reine Christine n'ait pas de penchant à donner sa fille à l'un de ses neveux,'il est .très possible que le choix des cortès s'arrête sur l'un de ces princes plutôt que sur le comte de Trapani. Les fils de l'infant de Paule sont Espagnols et Bourbons. Ils ont de plus l'avantage sur leur concurrent de Naples de n'avoir pas été élevés dans une cour absolue, par les jésuites et sous l'in fluence de M. l'évêque de Patras. Le cabinet français qui a toujours regardé l'affaire du mariage de la reine comme' un grand embarras, chercha, il y a un an, dans la maison de Naples, avant la mort de l'infante Carlotta , s'il ne trouverait pas un prince en âge d'être marié et dont on pourrait faire au plus viteTépoux d'Isabelle. On trouva lecomtedeTrapani, âgé de 17 ans et frère du roi de Naples. Le cabinet français en prit aussitôt son parti. Il s'empressa de faire des ouvertures au roi de Naples qui les accueillit très bien et envoya en toute hâte un ambassadeur à Madrid, il était en effet indispensable de reconnaître Isabelle comme reine d'Espagne avant de songer à l'épouser. Plus tard le roj de Naples, par reconnais sance pour la cour des Tuileries, refusa une princesse de sa fa mille au duc de Bordeaux. Le mariage du comte de Trapani avec la reine Isabelle avait donc été arrangé à Paris, en famille, avant le départ de Marie-Christinépour l'Espagne; on s'était assuré à Eu que l'Angleterre n'y mettrait point d'opposition déclarée. Lord Aberdeen s'était renfer mé dans sa forjnule ordinaire : c'egt une question parlementaire et constitutionnelle pour l'Espagne ; faites agréer votre candidat par les cortès et nous souscrirons à son mariage. L'affaireainsi commencée fut d'abord poursuivie avec une grande ardeur parla courdeFrance On s'occupa de préparer au prince un bon accueil en Espagne, Voici ce qu'on imagina pour lui impro viser une sorte de popularité : Le comte de Trapani devait passer quelque temps en France, puis en Angleterre, pour étudier dans ces deux pays le régime constitutionnel qu'à Naples il n'a pu connaître qu'en théorie. Ainsi libéralisé par ces voyages, il pou vait, pensait-on, aspirer au mariage parlementaire et briguer, sans trop ae désavantage, les votes des cortès et la main d'Isabelle. On avait même songé à un procédé plus expéditif pour faire mieux accueillir le jeune comte de l'autre côté des Pyrénées. Il était question de l'envoyer en Algérie, de lui faire gagner ses éperons à côté du duc d'Aumale, de l'exposer à quelque balle arabe ou marocaine, et de l'envoyer ensuite conquérir pacifiquement l'Es pagne en débarquant tout glorieux des rivages africains. Tous ces projets ont été ajournés aussi bien que celui d'une présentation plus bourgeoise qui devait se faire à Barcelone. Ma rie-Christine n'est pas pressée de marier sa fille, c'est-à-dire de partâgerson crédit et de ne plus gouverner le cœur et les pen sées d'Isabelle. L'Angleterre, qui n'avait mis d'abord aucune en trave apparente à la réussite des projets du cabinet français, s'est tout-à-coap démasquée en s'opposant de son mieux aux plans qu'on voulait exécuter pendant le séjour de la cour à Bar celone. On s'étaitarrangépour faire arriver sans bruitlecomtedeTrapani à Barcelone et pour bâcler le mariage. Les partis auraient pu...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - maréchal de france
- bresson
- li
- guizot
- paris
- espagne
- naples
- barcelone
- montevideo
- france
- angleterre
- montmirail
- madrid
- plata
- la république