Extrait du journal
vent se laisser entraîner à la tyrannie, à la cruauté, aux exactions, à tous les crimes de l'histoire." Nous ne voyons pas cependant que les rois sensés et raisonnables aient jamais pris une Charte pour une injure. L'argument tiré de la dignité des chambres n'est donc pas soutenable, et ce n'est pas faire une objection sérieuse à l'amende ment en discussion, que de le commenter ainsi : « Considérant que les membres des deux chambres pourraient accepter des posi tions incompatibles avec leur indépendance. » C'est bien plutôt en montrer le côté raisonnable et pratique ; c'est ainsi détruire en grande partie la. force du second argument qu'on emploie. L'abusexisteen effet ; il appelle le:remèae. 11 est incontestable qu'on ne parviendra jamais, par aucune loi, si sévère et si minutieuse qu'on la fasse, à composer une chambre de députés qui ne soient absolument que députés, qui n'aient ja mais, en aucune circonstance, leur intérêt personnel engagé dans les mesures législatives sur lesquelles ils délibèrent; on n'arrivera jamais à placer les membres de la chambre élective dans une si tuation telle, qu'ils n'aient nul besoin de désintéressement et de patriotisme pour voter en conscience. On aura, quoi qu'on fasse , des députés de l'est ou de l'ouest, du nord, du sud ou du centre ; des propriétaires de bois ou de mines, des possesseurs de trou peaux , des producteurs de blé, de sucre ou de vignes, des manu facturiers, des négoc'ans, des hommes engagés dans les carrières libérales. Toute loi présentée pourra contrarier ou satisfaire les intérêts personnels de telle ou telle catégorie et obscurcir à ses yeux l'évidence de l'intérêt général. Il faut donc accorder beau coup à la conscience de chacun et ne pas vouloir rédiger en articles de loi toute la morale parlementaire. Mais si un abus se révèle avec un tel caractère de généralité et de permanence, qu'il paraisse mettre en péril l'indépendance d'u ne partie notable de l'assemblée, si le pouvoir ministériel exploite cet abus avec quelque scandale ; si, par exemple, le nombre des fonctionnaires-députés s'accroît sans mesure, si le désordre est jeté dans les carrières administratives par l'invasion des ambitions parlementaires; si, pendant trois années, ifh cabinet fonde une grande partie de son influence sûr la distribution calculée des li gnes de fer entre les arrondissemens et les compagnies ; si près de la moitié delà chambre s'inféode par des prisés d'actions oude toute autre manière à des entreprises industrielles ; si, enfin, des coali tions d'intérêt pâvésse forment avec tant de puissance qu'elles finissent par dominer le pouvoir et presque la majorité, soyez sûrs qu'aussitôt l'opinion publique se soulèvera, que les représentans du pays songeroni à défendre la véritable dignité de 1 assemblée élective, et que des projets de loi, des amendemens se produiront avec persévérance jusqu'à ce que l'abus ait été efficacement ré primé. Malheur au pays, malheur aux chambres où cette réaction contre l'égoïsme et l'avidité serait tout-à-fait impuissante ! Les lois qui surgissent ainsi au nom de la morale publique ont toujours le caractère de lois de circonstances. Souvent elles sont débattues pendant de longues années, lorsque l'abus est invétéré et lorsque ceux qui en profitent sont sur leurs gardes; quelque fois ces mesures sont adoptées du premier coup sous l'empire d'un sentiment involontaire et comme irrésistible. En Angleterre, les précédens sont nombreux. Depuis 1700 jus qu'à 1817, de nombreux bills ont été votés par les deux chambres, ayant pour butd'étendre le cercle des incompatibilités, de diminuer l'influence de la couronne, d'arrêter le progrès de la corruption Earlementaire, et d'opposer aux calculs des intérêts privés des arrières législatives : toujours quelque circonstance frappante, quelque abus flagrant a donné lieu à ces propositions qui sont de venues des lois. Nous ne citerons pas tous ces bills dont plusieurs occupent une grande place dans l'histoire du parlement britanni...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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