Extrait du journal

celle des commis est singulièrement réduite. Mais, en supposant qu'elle ne le fût point, comment estil possible qu'un homme marié, ayant des enfans, et qui, par la position qu'il occupe, appartient naturellement à la classe lettrée, instruite, de la société , puisse vivre convenablement avec 2,500 fr. à.Paris? Un ouvrier qui gagne 5 fr. par jour est beaucoup plus à son aise que le sous-chef d'une administration qui a 2,500 fr. Que le prix des denrées augmente d'un cin quième, d'un quart, et son traitement sera ré duit dans la même proportion ; il se trouvera habituellement gêné, et, dans les circonstan ces exceptionnelles, il sera aux prises avec lesplus'rudes privations. Et cependant cet em ployé, ce fonctionnaire, aura souvent fait un long apprentissage, il aura passé par des épreuves, par un surnûmérariat et gagné laborieusement le poste qu'il occupe ! Pendant long-temps, les seules économies du budget ont été' faites sur le traitement des em ployés. On décrétait des suppressions par masses, on réduisait des rémunérations déjà fort exiguës, on était parvenu à rendre la condition d'employé tout à fait intolérable. Lorsqu'on s'aperçut de l'absurdité de ce système, il était pour ainsi dire trop lard, et une réaction devint extrêmement difficile. Cependant on a quelque peu amélioré la condition des employés; mais les chiffres qui pré cèdent prouvent que leur situation laisse encore beaucoup à désirer. Depuis vingt-cinq ans les objets nécessaires h la vie ont subi dans le prix une augmentation d'en viron, trente pour cent, et cette estimation est modéréè. Eh bien ! les traitemens des employés, au lieu die s'élever dans la même proportion, se sont réduits d'autant, en sorte que leur position est aujourd'hui beaucoup plus difficile qu'elle ne l'était au début, de leur carrière* Et avec cela on veut avoir des gens capables. On multiplie les épreuves, les examens, les conditions d'admission et toutes les formalités pour avoir un personnel d'élite. Mais ces formalités conduisent-elles réelle ment au but? Personne n'oserait l'affirmer; aussi long-temps que les fonctionnaires publics et les employés ne. trouveront pas une existence plus commode et mieux assurée dans la plupart des carrières publiques, l'administration, malgré toutes les épreuves et toutes les précautions, sera souvent obligée d'accepter-des sujets médiocres, et de mettre ses exigences au niveau des traite mens que le budget accorde. - „...