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Le Constitutionnel, 12 novembre 1823

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Le Constitutionnel
12 novembre 1823


Extrait du journal

D.. Mais pour quel motif Auguste achetait-il le sucre et le citron chez l'épicier? — R. Il me dit: On n'arrangerait peut-être pas cela comme il faut à l'auberge ; je veux l'arranger moi-même. D.-Vous êtes en contradiction avec vous-même. Dans l'instruction, vous avez dit que Ballet avait voulu acheter du suçre chez l'épicier; parc«! qu'on le lui vendrait trop cher à l'auberge, motif peu probable de la pdrt de.Ballet, qui n'était pas économe? L'accusé se tait. D. N'avez-vous pas quitté la chambre au moment même où le vin chaud a été apporté?—-R. Oui. D. L'avez-vous quittée avant qu'il fût versé ? — R. Je l'ai- quittée, je crois, avant qu'on le versât. D. Avez-vous vu Auguste préparer le vin chaud ? — R. Je ne me le rappelle pas. D. Pourquoi vous êtes-vous absenté? ■— R. Ce fut la dame Cornaille elle même qui vint me chercher. Puisque vous êtes médecin , me ditelle , vous devriez bien voir un domestique qui est malade dans une chambre au-dessus. J'y allai, je l'examinai, je crus reconnaître une affection de cœur. La dame Cornaille y était avec moi. ' D. Vous êtes démenti par elle-même. Elle a déclaré que ce n'était, pas elle qui était venu vous chercher pour visiter ce malade , qu'elle ne savait pas même que vous fussiez médecin ? — R. Je me rappelle par faitement que quelqu'un est venu me chercher, et m'a dit ce qui j'ai rapporté. C'est un fait certain ; j'ai l'honneur de vous l'affirmer. D. Comment savait-on dans l'auberge que vous étiez médecin ? — R. Par une plaisanterie que me fit Auguste en présence d'un domes tique. Voilà un médecin , dit- il ; on ne le croirait guère à la longueur , de ses cheveux ; il a l'air plutôt d'un ecclésiastique. J'avais alors les cheveux très-longs. D. Les domestiques ont été interrogés sur ce fait; aucun n'a déclaré avoir entendu cette plaisanterie. Avez-vous prescrit des médicamens pour le domestique malade ? — R. Non ; je n'étais monté que pour lt voir. . ■ ' _ ' D. Vous voyez quelles présomptions s'élèvent contre vous. Selon l'ac cusation /vous aviez quitté la chambre sans motif , au moment même où on apportait le vin chaud, afin de vous dispenser d'en boire. — R. Je suis certain que quelqu'un est venu m'inviter à monter dans _Ia chambre du malade. D. Avez-vous bu du vin chaud ? — R. Oui. D. En quelle quantité ? — R. La valeur, d'une demi-tasse que Ballet m'a versée. D. Avez-vous bu toutce'qu'il vous avait versé? —R. Oui. D. Cependant Raisson l'un des témoins , a déclaré que vous lui aviez dit qu'on y avait mis tant de citron que vous n'aviez pas pu en boire.— R. Je me rappelle qu'on avait mis, en effet, beaucoup de citron. Je l'ai même dit devant le domestique. Mais il est si vrai que j'en ai bu , que Ballet me dit : Comme vous le trouvez bon! moi, je le trouve trop, acide , ou trop acerbe ; je ne pourrais pas dire au juste de laquelle de ces deux expressions il se servit. D. Vous êtes entièrement démenti par la déclaration de Raisson , qui sera entendu. Auguste n'a-t-il pas dit qu'il trouvait le vin trop ailier ? — R. Il n'a pas dit amer. D. Cependant une domestique de Cornaille affirme qu'il l'a dit. Elle même en a goûté, et déclare qu'elle l'a trouvé sur. L'acétate de morphine ne donnc-t-elle pas de l'amertume ?—R. Oui. D. Pendant la nuit , Ballet s'est-il plaint de douleurs de ventre ? — R. Oui. D. Vous-même, avez-vous dormi tranquillement ? — R. J'ai été quel quefois réveillé par Auguste. ,. „ D. Par lui seul ? — R. Et par les chats qui fuisaient beaucoup de va carme. ; D. Taus les témoins de l'auberge ont été interrogés sur,ce fait, et au cun d'eux n'a entendu ce vatarme. Le domestique même , qui était ma lade , n'a rien entendu. Vous habitiez le second, étage. Les chats étaientils en bas ou en haut ? — R. Je 11'ai pas distingué; nous avons aussi en tendu le bruit que faisaient des chiens. M. de Broc.—Et les rats? L'accusé, vivement. — Je n'en ai jamais parlé. M. le président. -— Les domestiques ont déclaré que les chats et les chiens ne montaient jamais dans le haut de îa maison, et que l'un, des chiens avait la manie d'empêcher les chats d'y monter. Aucun d'eux, du reste, n'a entendu le bruit. D. Le matin du 51 mai, Auguste n'a-t- il pas déclaré qu'il était malade? — R. Il s'est trouvé incommodé. D. N'a t-il pas dit qu'il ne pouvait pas se lover , qu'il avait les jam enflées, et qu'il ne pourrait pas mettre ses boiter ? R. Sur la dem que je lui fis de venir se promener, il me dit : Je désire de rester parce que je n'ai pas bien reposé cette nuit. Mes jambes ont été gynflée^ par la marche d'hier, et par mes bettes qui me gênaient beaucoup,;' D. C'est la première fois que vous faites cette version. —R. Sy'Vouif. voulez bien consulter mon. interrogatoire devant le jugé d'instrucnfon'dc. Versailles , vous verrez que je lui ai dit ce que je viens de dire. M. le président lit à l'accusé cet interrogatoire , d'où il résulte que Ballet a déclaré qu'il avait les jambes enflées et qu'il ne pourrait pas^ mettre ses bottes, t D. Vous voyez qu'il n'est pas question def. jambes gonflées parla...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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