Extrait du journal
CHAPITRE XVII. ÉPILOGUE. — LE JUIF ERRANT. Le site est agreste et sauvage... C'est une haute colline couverte d'énormes blocs de grès du milieu desquels pointent çà et là des bouleaux et des chênes au feuillage déjà jauni par l'automne; ces grands arbres se dessinent sur la lueur rouge que le soleil a laissée au couchant ; on dirait la réverbération d'un in cendie. De celte hauteur , l'oeil plonge dans une vallée profonde, ombreu se, fertile, à demi voilée d'une légère vapeur par la brume du soir... Les grasses prairies, les massifs d'arbres touffus, les champs dépouillés de leurs épis mûrs, se confondent dans une teinte sombre, uniforme, qui contraste avec la limpidité bleuâtre du ciel. Des clochers de pierre grise ou d'ardoise élancent çà et là leurs flè ches aiguës du fond de cette vallée... car plusieurs villages y sont épars, bordant une longue route qui va du nord au couchant. C'est l'heure du repos, c'est l'heure où d'ordinaire la vitre de chaque chaumière s'illumine au joyeux pétillement du foyer rustique, et scin tille au loin à travers l'ombre et la feuillée , pendant que des tourbil lons de fumée sortant des cheminées, s'élèvent lentement vers le ciel. Et pourtant, chose étrange, on dirait que dans ce pays tous les foyers sont éteints et déserts. Chose plus étrange, plus sinistre encore, tous les clochers sonnent ie funèbre glas des morts... L'activité, le mouvement, la vie semblent concentrés dans ce branle lugubre qui retentit an loin. Mais voilà que, dans ces villages, naguère obscurs, des lumières com mencent à poindre... Ces clartés ne sont pas pas produites par le vif et joyeux pétillement du foyer rustique... Elles sont rougeâ très-comme ces feux de pâtre, aperçus le soir à travers le brouillard... Et puis ces lumières ne restent pas immobiles. Elles marchent lente ment vers le cimetière de chaque église. Alors le glas des morts redouble ; l'air frémit sous les coups pré cipités des cloches, et, à de rares intervalles, des chants mortuaires...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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