Extrait du journal
Vous vous croyez unis, ô débauchés candides.' Par des chansons à boire et des bouteilles vides ! Beaux liens, par Pollux ! apprenez en deux mots, Que l'amitié se fonde ailleurs qu'autour des pots; Qui pense après souper à son voisin de table? —Si notre amitié t'ennuie, Clinias, cherche ailleurs. Par Jupin! ils no sont pas rares, les compagnons qui, comme dit Aristophane, soupent avec celui qui le veut bien, et, après avoir bien bu et bien mangé, s'es quivent. Fais d'autres amis, te dis-je ; cela ne vaut-il pas mieux que de te tuer? Clinias, avec un sourire moqueur : — Où trouverais-je ces amis, Pa ris? Où en trouverais-je, Cléon? Quelles honnêtes gens s'accommode raient de moi? Vous savez bien que, hors nous, personne ne veut de nous : Et nous aurions mis fin à l'ennui d'être ensemble, Si nous n'avions senti, chacun de son côté,. Que nous sommes réduits à notre intimité. Je m'ennuie de moi, je m'ennuie des autres; je sais tous vos bons mots , vous savez les miens ; je me trouverais l'homme le plus stupide de la Grèce, si vous n'étiez pas là; que vous dirai-je? las du vice, sans trop savoir s'il n'est pas encore préférable k la vertu, je veux aller demander aux dieux s'ils valent moins ou plus que les hommes. — Imite-moi plutôt, cher Clinias, dit Pans ; je m'ennuyais à ton exemple ; Je bus obstinément, et bientôt j'éprouvai Que l'ennui s'en allait arec le vin cuvé. — S'abrutir ou mourir, n'est-ce pas la même chose? tu bois du vin ; je vais boire du poison; laisse-moi donc prendre mon plaisir où je le trouve; va, Pâris! ne dérangeons personne. — Tu le veux! meurs donc ! nous nous consolerons de la mort d'un ingrat. —Voilà qui est parler! et pour salaire de cettedocilité, jecompte vous laisser à tous deux mon bien par testament; mais à une simple condition , que vous connaîtrez tout-àl'heure. Maintenant plus d'affaire; Montrons-nous, jusqu'au soir, plus fous qu'à l'ordinaire. Ma résolution m'a rendu ma gaîté ! Je me sens rajeuni ; fêtons ma liberté ! Et toi, Dieu sans mémoire, et qui veux qu'on oublie, Bacchus, délivre-nous de la mélancolie, Et fais, pour rappeler un jour de mon bon temps, Que ces flacons soient pleins de rires éclatans. A Bacchus!.. Compagnons, une esclave d'Asie, Dont mon vieil intendant m'a donné fantaisie, ! Et qu'il est, ce matin,- parti pour acheter, Va venir....
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - martin
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