Extrait du journal

— Qiand je pense, se dit-il, que moi-même, il y a seize ans... et pourtant, ô mon Dieu 1 tu sais que je ne suis pas coupable. — Mou père, dit un domestique en entrant, une pauvre religieuse, qui parait accablée de souffrances, désirerait obtenir de vous un moment d’entretien. — Un envoyé du comte de Flandre demende une audience, dit un autre. — Que faire? Oh! ma tête se trouble ! murmure l’archevêque ; puis, levant les mains vers le ciel : Mon Dieu ! vous qui m'avez soutenu jus qu’à ce jour dans la voie de votre justice, m'ôteriez vous la raison au moment où elle m'est le plus nécessaire pour défendre vos droits et votre puissance. — Mon frère, mon ami î reprit-il froidement en s'adressant au prieur, veuillez m’excuser aupiès de l’envoyé du comte Philippe de Flandre... qu’il attende ! je me dois avant tout aux malheureux qui soufflent. D Histings s’inclina profondément et sortit. Betkct se tourna vers le domestique : — Faites entrer cette femme, dit-il. Et prenant un air grave et digne, il s’assit afin de la recevoir. Raymond s’était trompé. Il avait pris la pauvre Marthe pour Laure de Neuville. Quoique profonde, la blessure o'était pas mortelle; la lame n’avait entamé aucune des parties dangereuses de l’estomac et n’avait percé que l’épaule. Le vidante et quelques mendiants la transportèrent au couvent, où les soins les plus prompts lui fuient heureusement pro digués. Quand à Lauie, accompagnée de I Arabe, elle avait continué son pèlerinage au palais de Cantoibéry, où elle vient d’obtenir un en tretien particulier. Tome tremblante elle entra dans le »-alle où se trouvait l'archevêque: me voilà devant le saint primai... peusa t-elle. Ou ciel ! aut ai-je la force de lui parler ? — Approchez, ma fille, dit l’archevêque avec bonté. Au son de cette voix, Laure tressaillit, et resta muette clouée à la même place. — Pourquoi vous troubler devant moi, continua Thomas Becket ; lorsque vous êtes seule, tremblez vous ? — Non, mon père....