Extrait du journal

i dans l’âme de sa femme, qui se crut vraiment coupable, et s’effraya de l'intérêt tout chrétien qu’elle portait au conspirateur. Pourtant si la comtesse, moins avide d’émotions, moins prête à ! introduire quelque palpitant épisode au milieu de sa vie uniforme, t ùt étudié froidement son coeur, elle se fût assurée qu’il était vierge de tout sentiment blâmable pour le marquis. Mais, au contraire, ! plus monsieur d’Aiguebellc, chaud partisan de Mazarin, accablait le frondeur d’ironie cl d’injures, plus la comtesse, stimulée par l'in justice de son mari et le plaisir de la contradiction, se plaisait à ! : grandir le prisonnier d’Etat qu’ci c transformait en héros. Et chaque soir, le visage inondé de larmes, elle se frappait la poi trine et priait Dieu de lui pardonner un tort purement imaginaire. Quelques mois après l’arrestation de monsieur de La Verncraic, le comte d’Aiguebelle, conseillé par son médecin, se décida subitement à faire un voyage dans le midi de l’Europe. 1 ; Peut-être espérait-il découvrir quelque part une nouvelle fontaine i de Jouvence. | i A cette nouvelle, qui renversait tous ses plans, la jeune femme i ' faillit s’évanouir. | ’ Qui consolerait madame de La Vcrneraie si la seule amie qu’elle ; eut au monde était contrainte a s’éloigner ? qui lui allégerait un peu | le poids de ses peines? L’appréhension de la comtesse devait bientôt sc changer en joie : i elle ne faisait point partie du voyage et cet heureux événement lui ' laissait, au contraire, une plus grande liberté d action, j | Immédiatement après le départ du comte, Alice se mit en roule pour Paris, dans l’espoir de bâter la délivrance du conspirateur. ; Hélas ! elle comptait sans la haine du cardinal, sentinelle toujours i éveillée, qui rendit ses tentatives infructueuses. Traquée par la police, la jeune femme fut contrainte à quitter la j ' capitale sans avoir vu Gaston de La Vcrneraie, que, depuis l’arrcsj | talion du marquis, Mazarin affectait de tenir constamment éloigné 1; de la cour. Le retour d'Alice apporta une amère déception à la marquise qui s’était fait illusion sur la réussite de ce voyage. Il fallut de nouveau combattre son découragement, rouvrir son cœur à l’espoir et cicaj ! Iriser, par de consolantes paroles, les blessures de celle pauvre âme ! j que Dieu éprouvait sans se lasser....