Extrait du journal
DODISGES, 2 OCTOBRE. La circulaire attribuée au prince GortchakolT, après avoir été le sujet d’une critique très réservée, mais très juste du journal le Pays soulève les plus vives réclamations dans la presse anglaise. Au dire du Standard, cette circulaire aurait produit une certaine impression dans les cercles de la Cite, et, d’après une correspondance parisienne du Times, la publication de cette note coïnciderait avec la nouvelle que la première division navale de l’escadre d'évolution russe, sous les ordres du vice-amiral Scliautz, aurait reçu l’ordre de se tenir prêle à prendre la mer. Nous devons dire que cette dernière nouvelle nous paraît peu vraisemblable, mais fûtelle vraie, qu’elle pourrait encore s’expliquer naturellement d’une toute autre façon. L’impératrice douairière de Russie doit passer l’hiver à Nice; déjà tous les appartements à louer de celte ville ont été retenus par les familles qui l’ac compagnent, et ce fait suffit à justifier la présence d’une force maritime russe dans la Méditerranée. La circulaire de la chancellerie russe est-elle, comme on l’a dit, en effet une œuvre comminatoire? est-elle bien l’ex pression du regret ou de la rancune des derniers événe ments? C’est ce que nous ne chercherons ni à contester, ni à prouver; mais, selon nous, en donnant de la publicité à ce document, le cabinet russe a eu une pensée politique plus habile et plus profonde que celle de menacer d une guerre qui serait en ce moment plus onéreuse et plus difficile pour lui-même que pour toute autre puissance. Il a voulu essayer, par des arguments captieux, par des comparaisons fausses et injustes, de briser le faisceau d’al liance qui donne tant de force morale à la politique de l’Occident en Europe. La Russie s’est trouvée presque complètement isolée dans la dernière guerre, il est donc de son intérêt, il est habile à elle de chercher à ébranler les convictions afin de profiler des défections pour sortir de son isolement. Le but de la circlaire est certes assez dans les usages de la diplomatie russe. Aura-t-elle réussi? Nous en douions. Quant à croire que la Russie ait songé à passer de la parole à l’action, nous croyons que le moment n’est pas venu en core pour elle de jeter le gant. Quoi qu’il en soit, la flotte russe se composerait de cinq , frégates, à quoi il faudrait ajouter une corvette et un aviso; tous ces bâtiments seraient à vapeur. On voit que cette force navale n’a pas les proportions qu’exigeraient les projets qu’on lui prête. Quant aux navres autrichiens et sardes qui devaient se rendre devant Naples en même temps que l’escadre anglofrançaise, le fait, quoique douteux, ne serait pas improbable. De son côté, le gouvernement espagnol arme nne esca drille pour la Méditerranée. Celte escadrille est-elle exclusi vement destinée à agir contre les Maures du Riff, et ne peut-elle pas aussi aller devant Naples? Cela serait d’autant moins improbable que la famille royale espagnole est liée par les liens de la parenté avec celle des Deux-Siciles. Si toutes ces flottes se réunissaient devant Naples, celles de la France, de l’Angleterre, de la Russie, de la Sardaigne, de l’Autriche et de l’Espagne, auxquelles pourraient même s’adjoindre les flottes turques et égyptiennes, les mers d’Ita lie verraient une réunion de navires de guerre comme il n’aurait jamais été donné à aucun temps ni à aucun pays d’en voir. On attendait à Vienne, à la date du 29, le baron de Hübuer qui est, on se le rappelle, allé ù Naples. Ce diplo mate ne partirait de Vienne pour reprendre son poste à Paris, qu’a près avoir reçu de M. le comte de Buol des ins tructions pour le cas où le différend entre la cour de Naples et les cabinets de Londres et de Paris serait porté devant le nouveau Congrès de Paris, Les difficultés relatives à Bolgrad n’etaient pas encore terminées à la date du 16 ; de nouvelles propositions avaient été présentées par la Russie qui s’engageait à construire à ses frais une route par le lac de Jalpag et de ne pas fortifier polgrad qui dominerait celle roule....
À propos
Journal d'informations et d'annonces généralistes, le Courrier de Bourges traitait des actualités politiques, agricoles, littéraires ou religieuses. Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, après la chute du Second Empire, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher.
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