Extrait du journal

Actes ndministratifs. M. le préfet du Cher vient d'adresser la circulaire suivante à MM. les sous-préfeli, maires et administrateurs des hospices du département : Enfants trouvés. — Secours destinés a prévenir les abandons. Instructions. Courges, le 3 juin 1856. Messieurs, vous trouverez ci-aprôs une circulaire de S. Exc. le mi nistre de l’intérieur, en date du 27 mai dernier, concernant les secours qui sont alloués, sur les fonds départementaux, pour prévenir les aban dons volonlaires et pour conserver sa mère à l’enfant indigent. Il résulte de cette instruction, à laquelle je vous prie de vous confor mer en ce qui vous concerne, qu’à l'avenir la formule de secours aux filles-mères, souvent employée jusqu'à ce jour pour désigner ces sortes d’allocations, devra être remplacée par celle de : Secours aux enfants nouveau-nés. Agréez, etc. Le préfet du Cher, J.-M. PIÉTRI. Paris, le 27 mai 1856. Monsieur le préfet, parmi les moyens qu’elle emploie avec le plus de succès pour prévenir les abandons volontaires, l’Administration doit placer en première ligne les secours destinés à conserver sa mère à l’enfant indigent. Morale dans son but, efficace dans ses résultats, source d’économie pour le département, dont elle diminue les charges en ren dant les expositions moins fréquentes, de bien-être pour Reniant,.à qui elle assure une affection et des soins que rien ne saurait remplacer, cette mesure a pourtant rencontré des contradicteurs. Cela tient surtout à une erreur qu’a fait naître, et que laisse s’accré diter, l’expression généralement employée, dans la langue administra tive, de secours aux fitlcs-mères. Ce n’est point à la mère, c'est à l'enfant qu’est accordé le secours. L’abandon est, pour l’enfant, le mal le plus funeste. Il importe donc de le prévenir, et la société n'hésite pas à faire, dans ce but, un sacrifice qu’elle sait ne pouvoir être stérile. Suffisants pour aider la mère indi gente à nourrir et à élever son enfant pendant les premières années de la vie, ces sacrifices sont cependant toujours trop faibles pour profiter personnellement aux mères ; et celles qui, moyennant une légère allo cation, consentent à remplir les devoirs de la maternité, sont aussi celles qui s’imposent le plus de travail, de privations et d’économie. Puisque, en réalité, le secours est attribué à l’enfant, qu'il n’appar tient et ne profite qu’à lui seul, l’expression actuelle est impropre, et il convient d’y substituer celle de secours aux enfants nouveau-nés. Ce changement de dénomination a plus d’importance qu’on ne pour rait le supposer. S’il est constant que tels sont et le but et l’emploi du secours, tout scrupule doit s’évanouir, toute opposition impartiale dis paraître. La morale publique s’offenserait-elle d’un mode d’assistance qui a pour effet de conserver l’enfant, non-seulement à sa mère, mais souvent encore à lu vie ? Car, je le répète, l’administration ne parviendra jamais, quels que soient ses efforts, à remplacer complètement la mère, et l’on ne doit pas perdre de vue que la mortalité qui frappe les enfants assistés est de 15 p. 0/0 plus élevée que celle qui sévit sur les autres enfants. Je vous invite. Monsieur le préfet, à prendre note de ces observations....