Extrait du journal

m JEUNE HOMME BLASÉ. J’ai un ami ; — tout le monde en peut-il dire autant? — cet am* se trouvait, à l’âge «le vingt-trois ans, par la mort de son père, libre et possesseur d’une fortune raisonnable : quelque chose comme « eut mille étais de rente ; il va peut-être vous paraître étrange qu’un pareil millionnaire fût mou ami ; rien n’est plus vrai cependant, et je me réserve de vous dire un jour comment cette amitié prit nais sance. Veuillez l’accepter jusque-là comme un fait positif. Tenu très-rigidement du vivant de son père, mon ami Hector, sc trouvant tout à coup si riche et si libre, devait nécessairement* se jeter à corps perdu dans le plaisir. C’est ce qui arriva : bientôt, ce fut le lion à la mo«le ; les hommes et les femmes l’adoraient : lue femmes pour ses délicieux petits soupers, et les hommes à cause de la galanterie avec laquelle il perdait mille louis en une soirée. Cependant, Hector fut promptement las de Paris et de ses joies ; il avait mené son existence en chemin de fer, et vécu, en deux années, plus qu’un homme ordinaire ne le saurait faire* en vingt ans. Lu beau jour donc, il quitta la capitale pour aller en Italie, où il visita successivement Turiu, Venise, Home et Naples. De temps à autre, le récit de quclqucs-uucs de scs excentricités arrivant jus qu'à moi m’annonçait quo mon ami se portail toujours Lieu ; c’était la seule manière dont je pusse recevoir de scs nouvelles. _ Après l'Italie, ce fut l’Allemagne, puis l’Angleterre, puis l’Amé rique ; Hector était insatiable, me disait-ou ; en six mois, il savou rait tout ce qu’il y avait de plaisir, de voluptés dans une ville; eu six mois, il avait subjugué toutes les femmes ; en six mois, il eut six maiiresscs, l’une comtesse, la seconde marquise, la troisième duchesse, la quatrième une célébrité..., et ainsi de suite, toujours...