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Le Courrier de Bourges, 16 mai 1860

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Le Courrier de Bourges
16 mai 1860


Extrait du journal

La jeune fille, sa fiancée, l’attendait toujours. Assise sur un banc de chèvrefeuille qu’il lut avait fait, elle travaillait à sa parure du len demain, et ne leva pas la lele, bien qu’elle sût qu’il était là ; il y avait de la place pour deux sur son banc de chèvrefeuille. Alexis se mit à côté d’elle, et ils ne sc disent pas un mot. « Qui pourrait se faire un sort plus beau que le mien? Mon père, trouvant dans ce village deux enfants pour lui remplacer sa fortune, ne voudra jamais le quitter, et je lui appartiendrai davantage, n’étant plus à moi. » Ainsi pensait Madeleine, et ses réflexions se prolongaieni, bien qu’elle sût qu’il était là. « Rose-Madeleine, dit enfin celui des deux fiancés dont les idées étaient sombres, quoique je cœur fût plein d’amour, Rosc-Madelcinc, ne portez-vous pas, le jour de notre mariage, une autre parure que celle que vous fa tes à présent? N’aurez-vous pas, ce jour-là, vos cheveux blonds tressés sur vos épaules comme toutes vos compagnes? — Pourquoi cette question ? répondit Madeleine ; est-ce donc qu’il manque, selon loi, quelque chose à ta fiancée, mê me aujourd’hui? L’aimes-tu, par hasard, pour ses longs cheveux, pour ses cheveux blonds, pour ses beaux cheveux ? car on leur dormait tous ees noms quand j’étais petite et que je ne les renfermais pas sous ma coiffure de velours noir... — Personne n’en parle mainte nant, n’esl-cepas? Personne ne les voit, personne ne les reçoit de la main en souven r, en gage de fidélité, d’amour même?... — O mon père, mon père ! s’écria Madeleine, ayant, elle, ce nom protec teur dans toutes les émotions subites de l’âme comme on a celui de Dieu. Elle se leva tremblante, interdite, ne comprenant pas, ne cher chant pas à comprendre, mais devenant pâle peu à peu, à proportion que les larmes lui manquaient. • Ecoule Madeleine, reprit Alexis, écouté ; j’ai eu tort de penser que, devenant ton mari, je pourrai te rendre heureuse comme je le serai moi-méine; je te croyais triste à cause de mon chagrin Hélas ! Il me fallait dire le contraire, et peut-être aurais-je moins souffert sachant que j’étais seul à souffrir. Il fallait me dire : Je ne suis plus libre de mon cœur, et même pour le vôtre je ne puis avoir de reconnaissance ; ne me faites pas in grate, Alexis, et, si vous m’aimez, oubliez-moi. J’aurais pu me sou- 1 mettre à la volonté de Dieu sans l’offenser , et savoir gré à Julien d’être le plus riche de notre village, puisqu’il était le plus aimé. Pardonne-moi de t'affliger, Madeleine, mais vous avez mal agi... car ceue boucle de cheveux, vois-tu, c’est loi qui l’a donnée à Julien : il s’en est vanté à tout le village....

À propos

Journal d'informations et d'annonces généralistes, le Courrier de Bourges traitait des actualités politiques, agricoles, littéraires ou religieuses. Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, après la chute du Second Empire, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher.

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Données de classification
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