Extrait du journal

ARTHUR DE VARENNES. SECOND VOLUME. (LA REPRODUCTION EST INTERDITE EN FRANCE ET A L’ÉTRANGER.) II. — Retour a Livry. Mon retour à Livry me causa une sensation indicible de bonheur. Il me paraissait que je n’étais pas le même homme et que je renaissais à une nouvelle vie. Quand le matin, en m’éveillant, je fis ouvrir mes croisées, l’air embaumé d’une belle matinée de printemps me ravit. Celle bonne senteur de la ver dure me pénétrait délicieusement. Le calme et tranquille murmure de la campagne aux innombrables voix expressives parlait un langage plein d’a mour à mon âme émue. Ce fut une bien grande jouissance pour mon cœur que ce réveil au milieu de la nature. Paris me sembla à mille lieues loin de moi. Je respirai plus librement. L’espérance d’une nouvelle félicité sembla se présenter à moi. Rêves de mon cœur, vous ne pouviez être un mensonge ! Les réflexions qui succédèrent à ce premier réveil enchanté, ne m’ap portèrent aucune triste pensée. J étais près de Rerlhe, d’Albert, et je ne pensai qu’au plaisir que j’allais ressentir en me retrouvant avec eux. Je m’accusai de folie en songeant à mes craintes si exagérées qu’elles m’avaient fait fuir. Ne pouvais-je donc voir Rerlhe, l’aimer en silence et être heureux de sa seule présence. Cela n’était il pas bien préférable à l’affreux isolement de sympathies que j’avais ressenti à Paris. Puis, mon père, qui partagerait notre chère intimité. Son inimitable esprit me pro mettait des jouissances toujours nouvelles. J'aimais mon père avec adora tion. C’était un si noble cœur, une si haute intelligence, que ma vénération pour lui était un culte. Je m’étonnai que tout en se rappelant au souvenir des enfants de Mme de Simiane, il ne ine dit pas si l'intention de la comtesse était de revenir en France. Plusicuis fois je relus le billet du comte de Varennes, et tou jours la même obscurité existait pour moi. Enfin, je me persuadai que celle énigme me serait bientôt expliquée, et je résolus de n’y penser seu lement que pour m’y réjouir à l’idée de l’arrivée de mon père. Le départ de Marie, de Mme Renneval, contribua, je la crois, à changer ma manière de voir sur les dangers de mon séjour à Livry. Sans me l'a vouer, je craignais Mme Renneval....