Extrait du journal

ARTHUR DE VARENNES. SECOND VOLUME. " (LA REPRODUCTION EST INTERDITE EN FRANCE ET A L’ÉTRANGER.) X. — LE COMTE DE Varennes. Je prenais possession de mon bonheur en pensant que j’étais auprès de Berthe. Chaque regard, chaque geste, chaque mot que je me retraçais ve nant d’elle, me disaient et sa beauté et son charme si inimitables. Toutes les paroles qu’elle avait prononcées pendant notre dernier entretien étaient recueillies par moi et renfermées dans le sanctuaire profond de mon âme. Ses idées, ses sentiments semblaient n’appartenir qu’à elle. L’attrait déli cieux qu'elle savait communiquer au moindre mot en changeait la valeur et lui donnait toujours une expression nouvelle. Son esprit réfléchi et en joué en même temps, son imagination vive et juste, l’empêchaient de se laisser aller à aucune exagération de coquetterie. U y avait en elle le dé sir de plaire, d’être aimée ; mais c'était un désir noble comme elle ; son ambition de plaire était pure comme son cœur. Son charme le plus déli cieux, c’était d'être vraie ; tout en elle se résumait en un seul mot, elle était naturelle. Un souvenir fugitif ramena ma pensée vers quelques paroles qu’elle avait dites et sur lesquelles je ne m’étais pas arrêté. En parlant de Mme Dusoiier, de nos bonnes soirées passées' au coin du feu, elle avait émis le doute que ces soirées ne fussent plus aussi agréables pour moi en l’absence de Marie. Une douleur soudaine envahit tout mon être !... Croyait-elle donc qu’auprôs d’elle je regretterais Marie ? Je pouvais lui taire mon amour, lui laisser ignorer que je l’adorais, mais l’entretenir dans la pensée que j’en aimais une autre !... ah ! cela était impossible I, Je fus tiré de ma rêverie par un bruit de voiture qui fil tressaillir mon cœur. Je m’élançai au devant de mon père et le pressai avec joie dans mes...