Extrait du journal
BOURGES, 24 AVRIL. L’enthousiasme est à son comble en Savoie. L’archevêque de Chambéry s’est rendu au vote à la tôle de son clergé. Le même entrainement se remarque à Annecy ; de tous côtés on Ta au scrutin aux cris de Vivo la France! Vive l Empereur ! Toutes les correspondances sont d'accord pour nous re présenter comme indescriptible cot enthousiasme quia gagne toutes les classes Jamais cette population, si paisible d’or dinaire, n’a fait preuve d’une telle animation. On dirait que le pays tout entier vient de recouvrer le sentiment et la vie, tant est grande et en quelque sorte contagieuse celte joie ex pansive. C’est comme au lendemain d’une grande victoire. Partout le bonheur qu’on a s redevenir français se manifeste par les plus vives démonstrations. Ce sentiment patriotique n’est pas moins flatteur pour la France qu’honorable pour ces enfants de la Savoie, depuis si longtemps séparés de la mérc-patrie. L'entrain de la nation est tel, qu'on n'a pas attendu le résultat du scrutin pour s’occuper, en prévision du vote , d’organiser une immense députation qui viendrait visiter Paris. V Observer, feuille ministérielle, déclare inexacte la nou velle donnée par The Press, organe tory, d’après laquelle la France avait demandé la réunion d’uu congrès pour opérer un remaniement total des traites de 1815. L'Observer dit que la conférence à laquelle les puissances ont consenti ne s'occupera que de la question du Ch.ibluis et du Faucigny. Une correspondance de la télégraphie privée, dont nous ne pouvons, au reste, corroborer l’authenticité, croit savoir que les puissances signataires de l’acte final du congrès de Vienne seraient d’accord sur la manière de traiter l’affaire suisse. D’abord on arrêterait, par la voie diplomatique ordinaire, la rédaction d’un protocole dans lequel seraient réservées les garanties en faveur «le la Suisse, puis les représentants à Paris des mômes puissances signeraient le protocole, ensuite de quoi la conférence tiendrait une seule séance pour sanc tionner les bases d’un arrangement direct entre la France et la Suisse. Les réclamations de la Suisse ne sont pas vues d’un œil également favorable dans toute l’Allemague. La Gazette du Danube demande aux Suisses s’ils se sont toujours aussi bien souvenus des traites de 1815 qu'aujourd’hui, et si à pro pos de l’affaire de Neuchâtel ils ont jugé utile d’invoquer l'acte du congrès de Vienne. De son côte, le Journal de Dresde rappelle que l’Allema gne, qui n’a pas voulu assister l’Autriche en Italie dans sa lutte, aura encore moins intérêt à tirer l’èpèc en faveur de la Suisse, et il continue en ces termes : On doit se demander, si la violation du droit de la Suisse sur la partie neutralisée de la Savoie exige que l’Allemagne appuie active ment les réclamations de la Confédération helvétique, ou si d’autres violations plus grandes, plus graves, plus préjudiciables ont été commises, qui exigeaient davantage l'intervention allemande. Un coup d’œil sur ITlalie suffit pour donner une réponse à cette question. Les gouvernemens allemands ont manifesté assez ouverte ment aux grandes puissances allemandes qu'ils étaient disposés à tous les sacrifices pour empêcher les violations du droit eu Italie, et après la paix de Yillulïanca encore elles se sont montrées prêles à soutenir une politique qui aurait empêché des perturbations ultérieures de l'équilibre européen, Mais leur politique pendant et après la guerre n'a pas reçu l'approbation des puissances neutres. I.cs annexions se sont faites dans l'Italie centrale ; celle de la Savoie va se faire. Vis-à-vis de ces atteintes portées aux traités, l'affaire de la Suisse est minime. On a laissé succomber l’Autriche ; une politique de résistance ne se a possible que quand l'Autriche aura repris ses forces. On peut apprécier aujourd’hui l'importance de l'Autriche au point de vue des intérêts allemands. Actuellement que l'Autriche est obligée de se recueillir, l’Allemagne partage le sort des autres puissances qui ne peuvent soutenir la Suisse. On parle toujours, quoi qu’on nepuisse en administrer au cune preuve, d’un rapprochement entre la Prusse et l’Autriche; mais nous ne voyons rien qui donne consistance à ce dire. P. Mannequin...
À propos
Journal d'informations et d'annonces généralistes, le Courrier de Bourges traitait des actualités politiques, agricoles, littéraires ou religieuses. Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, après la chute du Second Empire, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher.
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