Extrait du journal

Nous sommes arrivés bientôt au moment où vont s'ouvrir, pour la réorganisation des Principautés, les conférences entre les représentants des cinq puissances, la France, l’Angleterre, l’Autriche, la Russie et la Turquie. Cette réor ganisation présente des difficultés de diverse nature, qui exigeront des ménagements, du tact, une habilité de pondé ration peu ordinaire de la part des représentants. La principale question à résoudre est celle-ci : Les princi pautés doivent-elles rester séparées, ou seront elles réunies en un seul étal ? La majorité s’est prononcée dans le Congrès de Paris pour celle réunion, mais l’Autriche et la Turquie sont d’un avis opposé. A Vienne on espère encore ramener les plénipotentiaires à celle opinion. Les principautés resteraient séparées, seulement l’hospodorat ne serait plus électif. La formation du corps de troupes indigènes permettrait de se passer du concours de troupes étrangères. La législation civile et criminelle serait reformée de façon à remédier aux abus monstrueux du système actuel d’administration. Enfin le ser vage serait aboli. D’après les renseignements reçus de Jassy dans ces der niers jours, on serait dans cette province peu favorable au système de séparation soutenu par l’Autriche ; ce qui le prouve, c’est que le divan moldave a volé à l’unanimité, avant la clôture, une adresse à l’hospodar, pour avoir demandé au Congrès l’union des deux provinces et que ce vote a été accueilli avec joie par la population. Toutes les nouvelles venues d’Orient dans ces derniers jours, représentent l’état de la Turquie comme agité par le fanatisme musulman : aussi les populations chrétiennes voient-elles avec regret le départ des armées alliées. Ces populations craignent, peut-être avec raison, de retomber bientôt dans l’état où elles étaient avant la publication du halli-humayoun qui a voulu proclamer leur émancipation. En Crimée, les Tarlares, qui se voient retombés sous le joug russe, émigrent par tribus entières. Les Circassicns demandent protection contre leurs nouveaux envahisseurs ; le brigandage menace de renaître en Asie-Mincurc plus terrible que jamais; enfin, la plupart des pays qui ont été visités par la guerre sont dans l’inquiétude et l’agitation. Toutefois les nouvelles apportées par le vapeur le Thabor de Constantinople confirment les mesures prises par le Sultan afin d’assurer la répression des troubles qui ont éclaté sur divers points de l’empire. L’évacuation de la Crimée s’exécute avec une grande...