Extrait du journal

Journal parlé chez le» K. G. Nous avions aussi nos canards là bas, de l’autre côlé, dans les coulisses. Bien entendu les embusqués — iis en ont eu aussi ! — qui nous gardaient, ne nous fournissaient qu’une littérature plutôt tendancieuse. Mais nous étions renseignés. Pour ma part je n'ai guère passé de jour sans avoir lu deux journaux allemands, deux journaux de Paris (hélas !), un journal de Fribourg, un de Lausanne, un de Genève, un d’Amsterdam. Comment tout ce papelard m’arrivait-il P Ne le dites pas : l'ennemi noua écoule I Et le soir, vers six heures, on venait au communiqué, dans ma baraque. Avec dis crétion. Un par baraque, sténographe de préférence. Et les recoupements, les confron tations de textes, les coupures européennes, triés par une sévère critique historique, me permettaient de dicter un canard peut-être un peu moins menteur que les autres. Cela m’a fait du bien. Sur le moment, cela nous fit du bien à tous. Mais j’y ai gagné des avantages durables. J’ai potassé les langues étrangères. J’ai appris un peu d’européen. Et j’ai aimé Montaigne....