Extrait du journal
Tout cela est peut-être vrai, reprit Charencey, tuais vous exagérez les mauvaises qualités des habituas de la Corse, et vous rembrunissez le tableau qui, je l’avoue , est déjà assez sombre par lui-même. Quoi, j’exagère ! mais si je vous citais tous les traits de férocité dont je pourrais vous donner des preuves , vous fré miriez.... Oui , interrompit le général Noirmont, mais avouez que partout on rencontre de grands criminels , et que ce sont justement les forfaits qu’on cite de préférence , et non les vertus , parce qu’elles se cachent et restent inconnues. Darcy ne sembla pas faire la moindre attention à cette observation du général, puis il reprit : c’est surtout Vinso ciabilité de ce pays sauvage qui m’a le plus frappé , les lois les plus simples y sont inexécutables , et les crimes y restent souvent impunis, tant est grande la crainte qu’inspirent aux témoins les vengeances atroces auxquelles ils s’exposeraient; et, tenez, je puis à cette occasion vous citer un trait qui vous dépeindra mieux que tout la situation morale de cet affreux pays. Un meurtre se commit dans une auberge où deux ennemis eurent le malheur de se rencontrer : l’un d’eux resta mort sur la place. L’aubergiste seul avait été témoin" du crime : le coupable est arrêté et l’aubers'iste in terrogé ; bien qu’il soit obligé de convenir qu’il se trouvait dans la salle même où le crime a été commis, il répond à toutes les demandes qu’il n’a rien vu , et qu’il ne sait quel a été le provocateur. Eu vain le juge s’efforce de lui arracher la vérité, il n’en peut tirer aucune réponse ; et quand l’inter rogatoire est terminé, ce malheureux , pour se soustraire à la vengeance de la famille du meurtrier , demande au juge un certificat constatant qu’il n’a pas déposé contre le prévenu. Eh bien ! monsieur, reprit d’un ton brusque et d’une voix altérée le voisin du général sur qui les paroles de Darcy avaient déjà fait une fois une impression si pénible, que voyez-vous donc là d’anti-social ? Moi , j’y vois au contrair la preuve la plus frappante qu’en Corse l'esprit de famille...
À propos
Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.
En savoir plus Données de classification - j. bresson
- charencey
- france
- conseil d'arrondissement
- conseil général
- bourgoin
- faculté de les dé