Extrait du journal

1688. Le 8 juin 1688 , la ville de Londres présentait un étrange et curieux spectacle. Une partie de sa population se dirigeait en courant vers la Tamise. A voir cette foule furieuse et menaçante, on eût dit qu'une insurrection allait éclater. Déjà sur tous les ponts la circulation devenait impossible ; déjà les maisons qui bordaient les deux rives du fleuve, les rues qui y aboutissaient, étaient tellement encombrées que les nouveaux arrivons ne pouvaient plus y trouver une seule place inoccupée. Le bruit et le désordre augmentaient de minuits en minute. Tout à coup ce cri « Les voila 1 » a retenti d une extrémité de la métropole à Vautre extrémité, de Westminster à la Tour de Londres. Ces deux mots ont produit un effet magique, le calme le plus profond, le silence , que dis-je, le recueillement le plus solennel règnent maintenant le long de ces rivages , il n’y a qu un instant encore si agités et si bruyans... Plusieurs barques remplies de soldats et de prisonniers descendent la Tamise à force de rames. Tous les regards les suivent fixement dans leur course rapide, et quand elles passent, la foule se découvre, s'agenouille et prie avec une ardente ferveur. Quelques-uns des assistons s’élancent même dans Veau jusqu’à la ceinture , afin de s’approcher de plus près des prisonniers, et de recevoir leur bénédiction; mais les barques ont bientôt disparu au milieu du brouillard du soir, et la foule se relevant se disperse avec un certain ordre dans toutes lus directions....