Extrait du journal

M. Ivan était un jeune chirurgien d’une position fort modeste, lorsque, par suite des relations de sa première femme avec Mme de Beauharnais, il fut attaché à la personne du général Buonaparte. Depuis lors sa fortune alla toujours croissant, et il jouit constamment de la confiance ride la faveur du premier consul et de l’empereur. C’est ainsi qu’il devint tour à tour officier de la Légion-d’honneur et baron de l’Empire, et que Napoléon lui fit une dotation en récompense de ses services. Néanmoins, en dépit de la reconnaissance qu’il devait à sa femme, la mésintelligence éclata entre cette dernière et lui, et le divorce vint rompre leur mariage. Deux encans étaient nés de cette union, un fils et une fille : le fils est M. Alexandre Ivan, aujourd'hui chirurgien fort distingué ; la fille a épousé M. Jousselin, actuellement ingénieur en chef des ponts et chaussées à Melun. Ni l’un ni l’autre n’étaient aimés de leur père-, le fils particulièrement ne reçut jamais que le plus mauvais accueil de celui dont il porte aujourd’hui le nom d’une manière si honorable. Il fut placé dès son enfance dans un collège et ne rentra pas depuis dans la maison paternelle. L’espèce de haine que le baron Ivan ressentait pour son fils était telle qu’elle se révélait en toute occasion. Une fois M. Alexandre Ivan acquiert de ses économies quelques livres de prix et les offre à sou père, celui-ci les refuse avec mépris. Une autre fois il lui présente sa thèse de docteur, qu’il lui avait dédiée; le père jette la thèse par la fenêtre, en disant : « Voilà le cas que je fais et de l’ouvrage et de la dédicace. » Enfin, les mauvais procédés de cette nature se multiplièrent à tel point qu’on cessa complètement de se voir....