Extrait du journal

Le mari accusé est un homme de trente-quatre ans, robuste, de haute taille, de physionomie rude et très accentuée, cheveux, barbe, moustaches d’un blond très foncé ; l’expression indiquerait plutôt un caractère brusque, violent môme, que la douceur réfléchie et affectée des empoisonneurs. Son éducation ne parait pas avoir été très soignée ; enfant, il a été employé à des travaux de culture, puis apprenti tailleur dans son pays natal ; il est venu très jeune à Paris et, ouvrier d’abord, puis employé chez un fabricant de fleurs, il a patiemment étudié cette industrie et bientôt il s’est établi pour son compte et a su faire prospérer et grandir peu à peu son petit établissement. Il s’est marié en 1872 et c’est cette première femme, mère de deux enfants, qu’il aurait empoisonnée au cours de l’année dernière, pour épouser Lucie Quiot, une jeune fille de vingt ans, ouvrière et pensionnaire chez lui et qui alors, depuis un an, aurait été sa maîtresse....