Extrait du journal

Monsieur le premier Président, Messieurs, Le 3 floral an II, à cinq heures de l’après-midi, montaient dans le même tombereau, qui devait les conduire de la Conciergerie à la place de la Révolution, quatre hommes, dont la réunion devant l’échafaud, à la suite d’une accusation et d’une condamnation collectives, a été à bon droit signalée (1) comme l’une des plus cruelles ironies de la fortune, ou l’un des plus étranges défis que l’audace de Fouquier-tinville pût jeter au bon sens public. Divers par leurs origines, plu encore par leurs caractères, profondément séparés par les opinions qu’ils avaient professées et par les rôles, tous considérables, mais à des titres bien différents, qu’ils avaient joués dans les événements contemporains, ils n’avaient que ces deux traits communs : d’avoir compté, chacun à sa manière, parmi les promoteurs du grand mouvement social et politique aux excès duquel ils allaient en même temps succomber, et de représenter, les uns dans le passé, les autres dans le présent, la justice régulière en face de la sanglante parodie du Tribunal révolutionnaire....