Extrait du journal

Ils étaient, en réalité, vingt et un. J’entends par 14 que vingt et un accusés appartenant au 45e régiment de ligne, alors en garnison à La Rochelle, | comparurent au mois U'aoùt 1822, devant la Cour d’assises de la Seine, en compagnie d'un institua- j leur, d’un employé d’assurance, d'un étudiant en médecine, et d’un jeune avocat stagiaire du barreau de Paris. Ils étaient poursuivis à l’occasion d’un complot « qui allait éclater, disait l’avocat général, j quand les conjurés furent saisis armés des poignards j que leurs serments consacraient à des attentats ». 1 L’accusation apercevait à travers les aveux, et surtout, par delà les réticences des accusés, une vaste conjuration dont le réseau couvrait la France entière,, et qui se proposait le « bouleversement total de la société ». Elle dévoilait le nombre des conjurés, leur but, leurs ressources, mais les chefs étaient restés invisibles et insaisissables. A défaut « de puissants instigateurs dignes, d'après le 'Ministère Public, d’aspirer par la séduction de leur opulence ou le bruit de leur renommée aux promo- ! trions de la révolte », il fallait se contenter de ces vingt-cinq personnes, « êtres obscurs, jeunes gens ; égarés, soldats sans nom ». Il y avait une disproportion évidente entre l’ampleur du plan qu'on leur prêtait, et la faiblesse de leurs moyens. Les jurés furent cependant terrifiés par le réquisitoire de M. de Marchangy, et la Cour prononça onze condamnations dont quatre à la peine capitale....