Extrait du journal

sent dans un salon à part; c'est un épilogue ajouté à la trilogie. On rentre chez soi au petit jour. Le bon goût, le dilettantisme du maître de la maison se révèle par le choix des artistes offerts aux invités. Tout le monde est musicien aujourd'hui. Les oreilles de l'épo que sont devenues très difficiles. On ne saurait plus les satisfaire, comme jadis, avec la sonate d'une demoiselle à marier, ou le nocturne sentimental chanté par un faux toupet et une paire de lunettes d'or. Un simple amateur, fût-il décoré, n'est plus apte à ètancher la soif de mélo die qui dévore les salons. Il faut à nos sybarites de vrais artistes, des.artistes.de premier ordre, et c'est. un luxe qui n'est pas à la portée de toutes les fortunes. • Le suprême bon genre, c'est d'avoir les chanteurs du Théâtre-Italien et un programme dont chaque morceau coûte à l'amphitryon un billet de 500 francs. Parmi les soirées les plus éclatantes de la semaine dernière, il' faut citer celle qu'a donnée, dans son hôtel des Champs Elysées, le riche américain Wilkinstown. M. Wilkinstown est un homme de soixante ans; parti du faubourg le plus humble de New-York, fils d'un matelot, il est arrivé à avoir une fortune colossale; quel que chose comme huit ou dix millions. C'est une des faiblesses de la société parisienne. Cet étranger sans manières, et qui s'en vante, est riche; il ou vre ses salons sous le patronage, il est vrai, de deux da mes appartenant à l'aristocratie officielle du faubourg Saint-Honoré, et cela suffit pour que tout le monde veuille avoir l'honneur d'être admis à ses fêtes splendides. M. Wilkinstown est le type particulier, la plus^ com plète incarnation du parvenu ; et il en est fier : je crois...