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Le Figaro, 1 janvier 1860

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Le Figaro
1 janvier 1860


Extrait du journal

Vers la fia du siècle dernier, Piis el Barré firent pour la Comédie-Italienne un vjaudeville intitulé : Les ëtrennes ou Le bonnet magiqueGéronte veut distinguerdans les vœux et les compli ments qui lui sont adressés ceux qui sont sincère» et ceux qui ne le sont pas. Mercure se prête à cette fantaisie et donne au curieux impertinent un bonnet magique qui doit lui faire reconnaître la vérité. Coiffé de ce bonnet, notre barbon s'entend dire les cho ses les plus désagréables dii monde par sa femme, par sa fille, par ses amis et par ses domestiques. Il ne tarde pas à se repentir de sa folle curiosité. •Il y a bien de quoi. Dans ce jour où se conjuguent les verbes les plus tendres et les plus respectueux : je t'aime, tu me souhaites, il t'embrasse, nous vous saluons, vous nous complimentez, ils leur serrent la main ; où l'on échange 'plus de baisers et d'étreintes cordiales que pendant l'année tout entière, la belle avance que de lire au fond des cœurs, de chercher des motifs intéressés à cette bienveillance universelle, d'entendre ce que l'on pense à travers ce que l'ondit. ; " Soyons plus sages; ne cherchons pas à sonder les coeurs. Si des pensées intéressées se mêlent aux senti ments bienveillants, ceux-ci n'en existent pas moins ; si tant de gens sont heureux de recevoir, croyez que beau coup sont plus heureux encore de donner. A tout prendre, n'est-ce pas une charmante époque que celle où tout est sourires, douces manières, humeur affable, bonne grâce, soins, attention, prévenances; où les femmes sont parfaites et renoncent même à: leur plus pi quants caprices; où elles sont d'une aménité, d'une sou plesse, d'une câlinerie, d'une mansuétude adorables; où les domestiques sont polis, où messieurs les concierdaignent médire avec les locataires des exigences des propriétaires ; où tous les indifférents deviennent des amis, où tous les amis sont dévoués et affectueux. Le jour de l'an est un grand jour à Paris plus que partout ailleurs. Paris est la ville du monde où l'on dis tribue le plus de sacs de 'bonbons, le plus de jouets, de baisers, de compliments, de poignées de mains. Rien ne saurait donner à un étranger une idée de l'animation du mouvement, du bruit, de l'entrain de la foule parisienne dans ces journées exceptionnelles. De la Madeleine à la Bastille, les boulevards sont transformés en une foire gigantesque, éblouissante.' Dans ces milliers de baraques dont Textérieur rustique contraste si fort avec les maisons monumentales des boulevards, s'étale une foule de riens charmants, et à bon marché, des cartonnages, des cris taux, des bronzes, des tapis, des millions d'objets si brillants et si frais qu'il semble qu'un enchanteur les ait créés d'un coup de baguette....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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