Extrait du journal

Le ministre de la guerre présidait, hier, le déjeuner annuel du syndicat de la presse militaire. Ce n'est pas,dans les ma nifestations électorales que les hommes politiques dignes de ce nom — il n'en est plus guère, et même ceux-là sont inégaux dans leurs attitudes — s'expriment avec ûhe netteté « en profondeur ». Devant l'assistance restreinte, mais singulière ment compréhensive, réunie au Cercle mi litaire, le ministre de la guerre a compris qu'il pouvait et devait définir la manière dont il conçoit ses fonctions. Répondant au colonel Carville, prési dent du syndicat, le ministre de la guerre improvisa une allocution concise, démons trative et riche en mouvement. Il indiqua avec fermeté la volonté de la France. « Elle ne s'abaissera pas devant les in jonctions et ne cédera pas aux menaces d'autres pays dont la jeunesse est livrée à l'entraînement militaire intensif. Il faut en finir avec cette légende qui tend à re présenter notre pays comme poursuivant des desseins impérialistes, mais il faut en finir plus encore avec cette autre légende qui prétend qu'en cas de péril soudain nous serions prêts à tomber à genoux. Si la France est résolue à pratiquer une poli tique de paix et ne nourrit aucune inten tion belliqueuse, elle est décidée plus en core à ne pas tolérer sur son territoire des incursions dont une expérience récente lui a enseigné l'horreur. La France n'est pas un peuple bêlant. » M. Daladier fit ensuite allusion à notre réseau de fortifications, déclarant que nous, avons voulu faire de nos frontières « un bastion inviolable », « Nous entendons les maintenir occu pées en hommes, en munitions et en moyens de protection sur toute l'étendue de la ligne qui va du Nord-Est à Nice. » Puis le ministre de la guerre rendit hommage, à notre haut commandement militaire qui, déclara-t-il, « est le plus admirable que nous ayons eu depuis long temps s>. «L'armée travaille en silence, en se soustrayant aux disputes du Forum ; son action est continue et féconde. Mon rôle à moi est de tenir constamment , en état l'outil qui, dans les heures de tension où se préciserait à nouveau pour nous un destin tragique, assurerait; immédiate ment notre sécurité selon les conditions perfectionnées et spécialisées de la tech nique moderne. » Le ministre de la guerre continua en faisant un vif éloge de l'Union nationale des officiers de réserve, et il...