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Le Figaro, 2 décembre 1933

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Le Figaro
2 décembre 1933


Extrait du journal

En des saisons qui sont déjà lointaines, -et. qui nous paraissent charmantes — l'une portait un masque, et sa sœur un - couteau, et l'une, comme- l'autre, a fermé son man teau, et leur couple décroît derrière, le co teau... — nous disions certains vers de M.-Raoul Ponchon, que nous fredonnons en core Vous saviez, n'est-ce pas ? que . jus que à ces jours-ci, la langue étrusque lais sait à ce point interdits nos savants les plus érudits, qu'elle n'était, à les en croire, qu'un indéchiffrable grimoire. ». Hélas-1 voici que M. Ferdinand Brunot a pu déclarer encore, à-la dernière séance publique de l'Académie des Inscriptions . et J3eJles.-LIettr.es, qu'il pré sidait : « Seul l'étrusque, gardant son secretcontinue à rappeler à l'humilité la science, les savants et les Académies.» Ne sortironsnous donc jamais d'une ignorance aussi cruelle et ne verrons-nous point luire l'heu reuse aurore où Philaminte enfin pourra nous embrasser pour l'amour- de l'étrusque ? Ne désespérons pourtant pas d'entendre quelque jour le langage de ce peuple disparu, qui adorait, parmi d'autres, une divinité pourvue d'oreilles d'âne et d'un bec d'aigle, et dont la chevelure était formée de serpents. ■ .— Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur sa tête ? On l'ignore, sans doute ; mais ne croyez-vous pas que les découvertes ma gnifiques de notre siècle eussent permis de coiffer assez décemment une personne aussi redoutable, et qui, si elle ne prenait pas le soin de porter toujours un chapeau, se mon trait, par ses mèches qui nous épouvantent encore, pareille à la terrible Méduse ? — Ah ! Madame, quel bel objet de ré clame et il me semble entendre des paroles, qui remontent des soirs profonds de l'Etrurie, où un coiffeur entreprend d'enchanter ses clientes-: — Je sais à vos beautés tous les soins que je dois. Que votre grâce enfin se confie à mes doigts et de mon docte fer sans inquiétude use, car il est si léger qu'il a frise Méduse dont la tresse sifflante ef frayait les humains ; mais est-il des serpents que mon art entrelace qui voulussent mordre mes mains ? Il n'en est -aucun qui se lasse de se regarder dans la glace, car il n'est de serpent, ni de monstre, odieux qui,: — par l'art ondulé — ne- puisse plaire aux yeux... — Reverrons-nous, jamais ce temps où bril laient les friseurs de vipères ?• Hélas 1 Et songez, sur ce propos de: notre chevelure, qu'il est des hommes bien injustes. N'en doutez pas ; et l'un d'eux me disait hier et non sans un fort grand courroux : Jetez-moi ce fer à friser On je le vais tordre et briser ! Cheveux brûlants, corne enflammée N'ont pas un parfum différent : Les cheveux de la bien-aimée Sentent le maréchal ferrant. — Je croyais, Madame, que nous voulions résoudre le problème de l'étrusque. — Je pense que nous, nous sommes égarés. Mais il n'importe au demeurant. — Qu'eussions-nous dit de ce mystère ? ?—- On en peut rêver. — Puis se taire. — Par un caprice différent, parlant du maréchal ferrant;...— Des serpents et de ces brûlures qui désolent les' cheve lures, sous les fers d'un doux arsenal... — Nous arrivons au point final. Tristan Derème....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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