Extrait du journal

L'Ami du Peuple a publié hier l'article que voici : Quelques patriotes vigilants ont appris ces temps derniers que la défense de la Corse n'est ni assurée ni préparée. II en résulte un grave péril pour la France en Méditerranée. L'Ami du Peuple n'est jamais le dernier, il est souvent le premier, à signaler un danger que peut courir le pays. Mais de bienveillants confrères ont l'idée que « la presse Coty » se trouve embarrassée dans le cas présent par le souci de ne pas frois ser le chef du gouvernement italien. Car nos adversaires nous traitent volontiers de. fascistes. Ils pensent éveiller ainsi la défiance chez le peuple innombrable qui vient à nous. Cette manœuvre est puérile. M. François Coty s'en est expliqué dans ses journaux à dix reprises ; et l'un de nos manifestes affichés dans toute la France avait pour titre, en caractères importants : ■Ni Fascisme ni Dictature. Nous sommes les républicains de la vraie, de la bonne république. c; Si nous étions fascistes, nous le dirions avec la même sincérité. Ne sommes-nous pas libres de nos opinions ? Et si nous étions fascistes, et si nous ne sommes pas fascistes, notre devoir de patriotes est pareil dans tous les cas. Nous tenons à ce que notre patrie vive en pleine sécurité, garantie contre toute attaque, d'où qu'elle vienne. Le patriotisme de M. Mussolini comprend les exigences du nôtre. Il nous estime, tous les peuples du monde nous estiment, dans la mesure où nous affirmons notre volonté d'une France in violable et respectée. C'est pourquoi nous nous associons énergiquement à la plainte portée par M. de Kerguézec à la tribune du Sénat : la Corse n'est pas défendue. En fait, depuis le temps où M. Clemenceau pro posait à l'Assemblée nationale de l'abandonner à l'Italie, elle n'a jamais été en état de défense. Elle est pourtant une des clés de la citadelle française. La diminution même de nos forces na vales augmente l'importance des positions à terre ; et il n'y en a pas de plus importante que celle-ci, pour la France, dans la Méditerranée. Aux mains des Français, la Corse menace de flanc et d'arrière tout agresseur de Toulon, de Mar seille, des côtes provençales et languedociennes. Inversement, aux mains d'un agresseur, la Corse menace la Provence, Nice, notre grand arsenal ma ritime, notre grand port marchand ; elle coupe les communications de la France métropolitaine avec l'Afrique du Nord ; elle isolerait Alger, Tunis ; elle intercepte les transports de troupes, dé matériel et de vivres. L'occupation de la Corse par n'importe quel en nemi — oublie-t-on le rôle des croiseurs et des sous-marins allemands dans la Méditerranée en 1914 ? — serait un désastre pire que Trafalgar. C'est réellement la condamnation d'un système politique, le déshonneur d'un régime, qu'on puisse écrire en 1930 : la Corse n'est pas défendue. M. François Coty n'aurait laissé à personne le soin de le dire au Parlement si, par deux fois, on ne lui avait arraché son mandat sénatorial. Il serait terrible de supposer que, précisément, on lui a dèux fois arraché son mandat sénatorial pour empêcher cette révélation. Nous aurons l'occasion d'insister sur l'urgence de mettre la Corse en état de défense....