Extrait du journal

encensés à tort et à travers, il faut ajouter; que peu d'hommes portent autant que lui l'éclat de s'être intéressé à la beauté ; il y< a mis une rigueur, un souci jamais dé mentis que rehausse une sincérité presque ingénue. Car, ce qu'il y a de curieux, c'est qu'ayant tant vu et tant glané cet esprit ne s'est taillé aucun crité rium d'art, aucune formule personnelle. Sa critique procède d'adord par admira tion, par amour, de-ci de-là, picorant à travers les esthétiques et les essences les plus opposées, heureux de* sauver un détail pittoresque de l'oubli fût-il issu de la pire; banalité, et il faut voir un beau signe d'âme en cette inclinaison devant le génie particulier de chaque être et de chaque chose. Célébrons le poète pour avoir, avant tout, chéri le rare, haï le vulgaire et passionnément admiré... Les yeux qui ont aimé gardent toujours au fond de leur prunelle un peu de beauté dérobée. Et cette beauté, à laquelle il ajoute, en ce livre présent, un pluriel quelque peu ironique, il la juge pourtant de haut. Sa tendresse clairvoyante n'es', pas dupe, puisqu'il nous rend aujour d'hui, en un pur miroir élevé au-dessus de nos têtes, l'image de nos pauvres beautés modernes avec leur, angoisse, leur splendeur, leur foi, leur pantelante sincérité, — tout leur visage sous tout leur fard. Hen^y Bataille. . :,...