Extrait du journal

Il faut convenir que la chance aide souvent le mérite. La raison d'être- d'une course comme le Prix de l'Arc de Triomphe est de permettre à la génération des trois ans de faire exactement la preuve de sa valeur vis-à-vis de ses aînés. Encore est-il, pour que cette preuve puisse être administrée, qu'il est nécessaire que soit présent le meilleur trois ans de l'année. Or,' par une fatalité détes table, ce chef de file a été absent, l'annéé: dernière, en la personne de Mieuxcé, et il est pareillement absent, cette année, — ce' qui est plus grave encore, — en la personne de Clair voyant. Nous ne songeons point, pour cela, à diminuer Corrida. Elle est excellente, quand elle tient sa forme, c'est-à-dire dans la seconde partie de la saison. Mais, si elle gagne à nouveau, cet après-midi, le Prix de l'Arc de Triom phe^ ce ne sera que la constatation d'un fait de dire que, ni à quatre ans, ni à cinq ans, elle n'y aura battu le meil leur trois ans. Son profit ne sera pas moindre. Mais sa gloire ? Nous avons toujours pensé que cette gloire, faite surtout de victoires à . l'étranger, et ternie de pénibles défaites essuyées en France, avait quelque chose d'excessif. Nous ne changerons donc pas d'avis, — à telle enseigne que, si nous lui accordons évidemment la toute pre mière chance cet après-midi, nous ne croyons pas du tout qu'elle va témoi gner d'une supériorité écrasante, sur un lot qui ne contient pourtant aucun crack et qu'un Clairvoyant aurait do miné de toute une classe. Mousson est un très bon poulain, plein d'allant et de, courage, et terri blement accrocheur. Son écurie, en ou tre, est en pleine floraison. Que diriezvous si nous dégustions, en cette splendide journée du Bois, un succulent Mousson Rothschild ?... Ou bien En Fraude, qui est si bonne et si belle ? Somme toute, les grands favoris ne gagnent pas toujours. J. Trarieux....