Extrait du journal

La mort. d'un magistrat célèbre vient de ramener pour un moment l'attention de la foule sur une femme qui a joué un rôle, un petit rôle, dans l'histoire de ces vingt dernières années et qui s'est, paraît-il, refait dans la retraite et dans l'oubli une existence nouvelle. Elle était fort jolie, blonde, grande, et d'une beauté en quelque sorte électrique. Elle ressemblait, disait-on, à l'Impératrice. En réalité, elle était beaucoup moins jolie que celle dont Winterhalter peignit les cheveux d'or et dont le malheur a fait aujourd'hui une sorte de statue eschylienne, superbe avec ses cheveux blancs. Les portraits d'autrefois de la jolie fille dont je veux parler, ses photographies à demi-effacées maintenant, l'évoquent encore dans toute sa splendeur de rieuse. Elle était bonne, dit-on, et spirituelle aussi. Elle a conté jadis à l'excellent comédien Berton père, qui les redisait volontiers, et à un des avocats les plus lettrés de Paris, M" Strauss, certaines anecdotes de sa vie qui méritaient, en effet, de tenter un romancier et qui sont, par leur ironie ou leur attendrissement, des romans tout faits....