Extrait du journal

Pour un vieux civilisé, qui attache un sens précis aux mots de liberté, de civilisation, de dignité humaine, et qui ne conçoit point d'autre idéal, quel cruel froissement que de franchir seulement les frontières de son pays ! A part la zone très étroite qui nous entoure et où l'air respirable commence à se raréfier, tout le. reste n'est "plus que barbarie : le type humain se dégrade, la grossièreté, l'hostilité sauvage, la férocité, la cruauté augmentent, d'autant plus implacables ou plus raffinées que l'homme se réclame d'une plus ancienne civilisation. Qui voudrait vivre dans la Russie d'aujour d'hui ? Déjà celle des Tsars était inhabitable pour un Français. Celle des Lenine et des Sta line est une chiourme infâme où il n'y a plus place que pour une humanité dégradée et où toutes les horreurs et toutes les épouvantes pré dites autrefois pour l'avènement de l'Antechrisl et la fin du monde sont en train de se réaliser. J'ai connu une Turquie où un hôte de passage pouvait encore vivre assez agréablement, dans un palace de Para, sous la protection de son ambassade et des cuirassés de sa nation. Je ne m'y risquerais plus aujourd'hui. Et, pour rien, au monde, je ne voudrais faire une saison â Angora. Il y a quelque vingt-cinq ans, lorsqu'il y avait encore dans le Levant une police euro péenne, j'ai pu circuler, sans le moindre dan ger, à travers la Syrie et la Palestine. Sans autre escorte qu'un Bédouin qT^ répondait de nia...