Extrait du journal

La deuxième Cour d'assises de Paris créée en raison de la durée de l'affaire Stavisky Lorsque l'affaire Stavisky s'ouvrit le 4 novembre, on pensait que, le 1er dé cembre, pourrait s'ouvrir dans la salle ordinaire une session d'assises. Il n'en fut rien, et décembre se passa. Que faire des accusés attendant pour être jugés ? Les juger. Evidemment, mais où ? On chercha. On pensa à la Chambre des Criées. Mais elle est circulaire. La cour d'assises aurait eu.v l'air d'un cirque. On trouva enfin, Quai des Orfèvres, au bord de la Seine, la Chambre des Expropriations, où il y avait place pour des jurés. Et c'est un étrange spectacle que de voir juger dans cette petite chambre claire aux boiseries de chêne. Les jurés sont tout près d'une petite table où sont les magistrats en robe rouge. En face dé ceux-ci, sur un fauteuil, ayant l'air d'un accusé, M. l'avocat général Révin. Les témoins viennent là, accoudés à une chaise, témoigner familièrement. La cour d'assises n'est plus qu'une cause rie. On cherche l'accusé dans cette salle minuscule, et on ne le trouve pas aus sitôt. Hier, c'était une femme, assise sous une fenêtre donnant sur le quai, devant une longue table, loin de tous comme en pénitence. C'est une femme qui a tué son amant. Peu de public, une sorte de causerie intime et familière dans une salle aux couleurs sympathiques ; rien qui rap pelle les cours d'assises des mélodra mes et des cinémas, mais bien plutôt Old Bailey ou ces cours d'assises an glaises où l'on parle d'un ton doux, mais où l'on condamne à mort. M. le président Fredin, qui préside, a dû y songer, lorsque, hier, parlant à l'accusée, il lui disait : — Madame, en Angleterre, votre crime se serait terminé par la pendai son. C'est une façon de protéger les malheureux hommes, Georges Claretie....