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Le Figaro, 5 octobre 1867

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Le Figaro
5 octobre 1867


Extrait du journal

elle lui envoya des baisers que ses larmes lui laissèrent à peine voir. Les chevaux s'ébranlèrent, le postillon fit de nouveau claquer son fouet, les roues grincèrent sur les cailloux du chemin, et bientôt la voiture fut lancée dans la di rection de Paris. L'enfant n'était pas accoutumée à ce mouvement rapide et continu. Un mélange de curiosité et de crainte lui fit tenir d'a bord ses yeux grands ouverts. Mais bien tôt ces jolis yeux, si bien voilés de longs cils bruns, se fermèrent sous tant de fati gues réunies, et ils ne se rouvrirent qu'au moment où la voiture, ayant accompli le voyage, s'arrêtait dans la large cour d'une maison de la rue Saint-Lazare. Madame Morandot avait passé tout le temps à contempler Jeanne avec ce senti ment de tondresse qui "fait considérer comme un bien personnel et définitif la charge qu'on s'est volontairement impo sée. Durant toute la route, elle s'était plu à tenir la main délicate de la fillette. Jus qu'à présent, se disait-elle, petite menotte, tu n'as touché qu'à des choses grossières. Désormais tu manieras tour à tour la plume, le crayon ; tu te poseras sur les touches d'un piano. . Chère Jeanne, toi que j'avais rêvée pour ta beauté si rare, tu m'appelleras du doux nom de mère. 0 joie ineffable et in connue pour moi ! Je vivrai donc désor mais pour d'autres soins que ceux de la parure et du monde ! Je serai donc utile! Au bruit des grelots vigoureusement secoués par l'attelage, M. Morandot s'é' tait mis à sa fenêtre. Il reconnut tout d'a bord Athénaïs, et aperçut .ensuite avec stupéfaction la fillette au costume villa geois qui tendait ses petits bras, et que madame Morandot, aidée de sa femme de chambre, faisait descendre de la voiture. Athénaïs monta rapidement, entra com me une bombe chez son mari, qui venait au-devant d'elle et lui présenta Jeanne j avec ces mots entrecoupés : j — Bonjour, mon ami. Quel bonheur j...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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