Extrait du journal
Le Cartel a voulu faire, de la séance d'hier, une épreuve de fond. Il y a réussi. Il a été battu. Le gouvernement a cinquante voix de majorité. Le parti socialiste et le parti radical se sont donné beaucoup de peine pour arriver à ce résultat. Rien n'a été négligé, ni les prières, ni les menaces, ni les adjurations du comité, ni les signes de détresse selon les rites maçonniques. Le matin, les socialistes avaient proclamé que les représentants du peuple allaient procéder solennellement à un « choix irré vocable ». L'après-midi, à la tribune, M. Herriot a déclaré que l'heure était venue d' « un choix décisif ». La Chambre a choisi. Le Cartel a eu 263 voix. Le gouvernement en a obtenu 316. Çe scrutin est analogue à la plupart de ceux qui ont marqué l'histoire de cette législature. Ce qui ést surprenant, ce n'est pas qu'il y ait une majorité nationale dans la Chambre, de. 1928 4 c'est que la Chambre de 1928 ait un jour oublié son origine et ses engagen/ents. Le vote d'hier est normal. Le scrutin du 17 février, qui a renversé M. Chéron et M. Tardieu, reste extravagant. La brève aventure du ministère radical de M. Chautemps ressemble à une échappée d'écoliers. Elle a été sans lendemain. Mais c'est beaucoup trop qu'elle ait été possible. Le parlementarisme a donné un exemple rare d'in cohérence. Après quinze jours perdus, M. André Tardieu reparaît avec une équipe un peu modifiée et pas en tièrement améliorée. Le public n'est indifférent ni à la qualité ni à la portée des changements. Mais il va au plus pressé. Ce qui importait d'abord, c'était d'avoir un gouvernement représentant la majorité véritable de la Chambre et opposé au Cartel. C'est fait. Malgré les essais de rapprochements et les rê veries des apôtres de la concentration, les événe ments imposent la solution qui répond à la nature des choses. On a eu beau manœuvrer depuis près de deux ans pour disloquer la majorité : il n'y a dans la Chambre que deux partis, celui de l'ordre et celui du désordre révolutionnaire. Les radicaux ont poussé jusqu'à ses conséquen ces extrêmes la manœuvre qu'ils ont entreprise au congrès d'Angers en octobre 1928. Ils,ont aban donné volontairement l'union pour reprendre seuls le pouvoir. Trois fois, ils ont été invités officielle ment à rentrer dans la majorité et à se séparer dès socialistes. Trois fois ils ont refusé. Logiquement, ils se trouvent rejetés vers le parti révolutionnaire. Est-ce bien ce qu'ils veulent ? Us ne paraissent même pas avoir' eu l'intention des choses qu'ils ont faites. M. André Tardieu a fait hier un historique frappant de cette politique radicale-socialiste, qui consiste à aller à l'aveugle contre les faits, contre les chiffres, contre les données électorales, contre le Parlement lui-même. A ces vérités d'expérience, les radicaux n'ont rien à répondre. Le gouvernement a indiqué ce qu'il avait le désir de faire. Il s'agit d'abord de voter le budget, d'étu dier les dégrèvements nécessaires, de procéder à une réforme fiscale. C'est le travail urgent. C'est la con dition d'une diminution du prix de la vie. La ma jorité qu'il a réunie permet au ministère de se con sacrer activement à l'application de son programme, r— André Chaumeix....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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