Extrait du journal
Ainsi, — le Figaro l'a dit il y a un ou deux jour — de vieux arbres vont encore dispa raître dans un coin de la rive gauche cher aux artistes. Les exigences de la construction moderne suppriment de plus en plus ces enclos où un peu de verdure permettait d'oublier un moment la ville et son tumulte. Bientôt de ces vestiges d'un passé qui n'est pas si lointain, nul ne subsistera. Des bâtisses en ciment armé, percées de cent fenêtres irrégulières, se seront élevées sur le sol des jardins, et une portion d'espace de plus sera incorporée au dessin sani variété de la-grande ville. Que de charme pourtant en ces rares endroits où des quartiers de Paris se souviennent d'avoir été villages ! Toute une existence bien différente de la nôtre s'évoque d'un coup en regardant dans quelque petite voie déserte de Passy, dans quelque rue de la rive gauche bordée d'hôtels silencieux, aux porches imposants, quelques troncs un peu maigres, des branches entêtées à fleurir, un parterre étroit comme un jardin de béguiile. Montmartre avait son «maquis». Mais il s'efface autour de la place du Tertre. L'herbe même hésite désormais à pousser. Et l'avenue Junot ressemble, avec ses villas disparates et chantournées, à une avenue de station balnéaire trop vite poussée. Cependant, à Belleville, parmi tant de mai sons noires, d'usines fuligineuses, quelques ar bres s'obstinent à vivre. Vous les trouverez — non sans un peu de peine — dans les rues dont les noms rappellent le Belleville champêtre, bruyant de guinguettes, pavoisé de tonnelles, faubourg et banlieue, où naguère chansons joyeuses, tendres fadaises échauffaient les têtes et troublaient les cœurs faciles, tandis que coulait le vin léger qui avait peut-être mûri sur les coteaux de Suresnes. Dans une de ces .rues qui découpent le popu leux quartier, une rue qui, un moment, a l'étroitèsse d'un passage, j'ai, derrière une palissade, découvert ainsi un morceau du Belleville su ranné. La rue porte.le nom d'un compositeur de valses lentes. Des valses, un jardin avec des arbres dont les feuilles pendent au delà de la clôture, des enfants qui sans crainte jouaient dans le ruisseau, un aspect d'un autre Paris surgissait avec la netteté de traits d'une bonne gravure. Quelques mètres seulement et; sous des hangars à charpente métallique, des ma chines tournaient avec un sourd ronflement. Adieu vieil arbre, souvenir précaire d'un passé mort et que tu rejoindras bientôt sans doute, car je ne doute guère, si robuste sembles-tu, que tes jours ne soient comptés par les hommes empressés à détruire. Roger Dardenne....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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